Le Quotidien de Nouakchott - Une prétendue interview scandaleuse circule sur Facebook, mettant en cause Ibrahima Moctar Sarr.

Le contenu, diffusé sur une fausse page sponsorisée usurpant l’identité d’Africanews, prétend montrer une émission télévisée durant laquelle la figure publique aurait révélé une source de revenu liée à une plateforme appelée SecuroomAI. 

Une vidéo et un faux article font même état de son arrestation à la demande de la Banque centrale. Après vérification, il s’agit d’une manipulation destinée à promouvoir une escroquerie financière en ligne.

Le contexte

Depuis le 16 juillet 2025, un faux article attribué à « Africanews », relayé par la page sponsorisée « My Blogspot », prétend qu’Ibrahima Moctar Sarr aurait été placé en résidence surveillée après des révélations en direct à la télévision sur la plateforme de trading « SecuroomAI ». L’article imite le style journalistique, avec un récit dramatique, des prétendues citations de Sarr et un lien renvoyant vers une plateforme de gains rapides.

La publication est accompagnée d’images, dont l’une montre Sarr encadré par la police, semblant être arrêté. Elle est surmontée d’un bandeau titré : « A SCANDAL ON LIVE TV?! Ibrahima Moctar Sarr didn’t know the camera was recording! ». (Un scandale en direct à la télévision ?! Ibrahima Moctar Sarr ne savait pas que la caméra était en train d’enregistrer !)

Analyse et vérification

Une fausse interview : ni chaîne, ni diffusion

La prétendue émission aurait été diffusée sur « ajdmrTV », une chaîne qui n’existe pas. Aucun média, ni en Mauritanie ni à l’international, ne répertorie une chaîne de ce nom.

L’interview en question, présentée dans un faux article Africanews intitulé “Fans advocate for Ibrahima Moctar Sarr release after controversial interview” (Des partisans réclament la libération d’Ibrahima Moctar Sarr après une interview controversée), est en réalité une mise en scène publicitaire.

Le prétendu échange entre Ibrahima Moctar Sarr et le journaliste Yedaly Fall date en réalité d’une ancienne interview de 2020 sur la chaîne Al Mouritaniya, détournée de son contexte. C’est ce que nous a déclaré le journaliste que nous avons pu joindre. : « cette interview date de 2020 et nous n’avons pas parlé de ces sujets et je suis le premier surpris par cette reprise que j’ai vu sur certaines plateformes. » Narration scénarisée et invraisemblable

Le texte simule un dialogue sensationnaliste où Sarr vante les mérites de SecuroomAI : « je gagne 150 000 MRU par jour », « je peux te rendre riche en 5 minutes »…

Une image falsifiée

L’image où l’on voit Sarr escorté par des policiers a été analysée avec l’outil d’IA OMGFuser, qui révèle une probabilité de falsification de 94 %. L’algorithme identifie deux zones altérées, correspondant aux visages et aux mains, suggérant des modifications numériques.

De plus les deux policiers qui l’encadrent ne sont pas habillés de la tenue de la police mauritanienne.

Usurpation d’identité médiatique

L’identité visuelle d’Africanews est grossièrement imitée (charte graphique, logo), mais le lien redirige vers “ghostwriter-uk.com”, un domaine douteux hébergeant la fausse page.

En réalité, Africanews n’a publié aucun contenu sur Ibrahima Moctar Sarr à ce sujet. Leur site officiel (africanews.com) ne contient aucune trace de cette histoire.

Verdict

Verdict : Manipulé

Le contenu diffusé sur les réseaux sociaux est une fausse mise en scène. Il détourne une ancienne interview, utilise une photo falsifiée, usurpe l’identité d’un média reconnu et invente une histoire d’arrestation pour inciter à s’inscrire sur une plateforme de trading frauduleuse.

Conclusion

Cette affaire est un exemple typique de désinformation commerciale, exploitant la notoriété d’une personnalité publique pour crédibiliser une arnaque financière. L’objectif est de piéger les internautes via un récit fictionnel, en les incitant à déposer de l’argent sur une plateforme douteuse : SecuroomAI.

Conseils pour se protéger :

Vérifiez toujours l’URL des pages : ici, “ghostwriter-uk.com” n’est pas affilié à Africanews. Ne vous fiez pas aux promesses de gains rapides, surtout si elles sont liées à des témoignages invérifiables ou des figures publiques.

Consultez les avertissements de la Banque Centrale de Mauritanie ou d’autres organismes de régulation.

Utilisez des outils comme InVID ou OMGFuser pour détecter les images et vidéos manipulées.

Ne relayez pas ces contenus sans vérification. Signalez-les aux plateformes pour éviter qu’ils ne piègent d’autres internautes.