03-01-2015 15:10 - Fete du Maouloud : Poème de Victor Hugo sur le Prophète SWS : L’AN NEUF DE L’HEGIRE

Fete du Maouloud : Poème de Victor Hugo sur le Prophète SWS : L’AN NEUF DE L’HEGIRE

Adrar-Info - Un poème de Victor Hugo sur le Prophète Mohamed صلي الله عليه Ùˆ سلم Victor Hugo, le 15 janvier 1858 L’an Neuf de  l’hégire Comme s’il pressentait que son heure était proche, Grave, il ne faisait plus à personne une reproche ; Il marchait en rendant aux passants leur salut ; On le voyait vieillir chaque jour, quoiqu’il eût A peine vingt poils blancs à sa barbe encore noire ; Il s’arrêtait parfois pour voir les chameaux boire, Se souvenant du temps qu’il était chamelier.

Il semblait avoir vu l’Eden, l’âge d’amour, Les temps antérieurs, l’ère immémoriale. Il avait le front haut, la joue impériale, l’oeil profond et diligent, Le cou pareil au col d’une amphore d’argent, L’;air d’un Noé qui sait le secret du déluge.

Si des hommes venaient le consulter, ce juge Laissait l’un affirmer, l’autre rire et nier, Ecoutait en silence et parlait le dernier. Sa bouche était toujours en train d’une prière ; Il mangeait peu, serrant sur son ventre une pierre ; Il s’occupait de lui-même à traire ses brebis ; Il s’asseyait à terre et cousait ses habits.

Il jeûnait plus longtemps qu’autrui les jours de jeûne, Quoiqu’il perdît sa force et qu’il ne fût plus jeune. A soixante-trois ans une fièvre le prit. Il relut le Coran de sa main même écrit, Puis il remit au fils de Séid la bannière, En lui disant : » Je touche à mon aube dernière. Il n’est pas d’autre Dieu que Dieu.

Combats pour lui. » Et son oeil, voilé d’ombre, avait ce morne ennui D’un vieux aigle forcé d’abandonner son aire. Il vint à la mosquée à son heure ordinaire, Appuyé sur Ali le peuple le suivant ; Et l’étendard sacré se déployait au vent.

Là, pâle, il s’écria, se tournant vers la foule ; » Peuple, le jour s’éteint, l’homme passe et s’écroule ; La poussière et la nuit, c’est nous. Dieu seul est grand. Peuple je suis l’aveugle et suis l’ignorant. Sans Dieu je serais vil plus que la bête immonde. » Un cheikh lui dit : » o chef des vrais croyants ! le monde, Sitôt qu’il t’entendit, en ta parole crut ; Le jour où tu naquit une étoile apparut, Et trois tours du palais de Chosroès tombèrent. » Lui, reprit : » Sur ma mort les Anges délibèrent ; L’heure arrive.

Ecoutez. Si j’ai de l’un de vous Mal parlé, qu’il se lève, ô peuple, et devant tous Qu’il m’insulte et m’outrage avant que je m’échappe ; Si j’ai frappé quelqu’un, que celui-là me frappe. » Et, tranquille, il tendit aux passants son bâton. Une vieille, tondant la laine d’un mouton, Assise sur un seuil, lui cria : » Dieu t’assiste ! » Il semblait regarder quelque vision triste, Et songeait ; tout à coup, pensif, il dit : » voilà, Vous tous, je suis un mot dans la bouche d’Allah ; Je suis cendre comme homme et feu comme prophète.

J’ai complété d’Issa la lumière imparfaite. Je suis la force, enfants ; Jésus fut la douceur. Le soleil a toujours l’aube pour précurseur. Jésus m’a précédé, mais il n’est pas la Cause. Il est né d’une Vierge aspirant une rose.

Moi, comme être vivant, retenez bien ceci, Je ne suis qu’un limon par les vices noirci ; J’ai de tous les péchés subi l’approche étrange ; Ma chair a plus d’affront qu’un chemin n’a de fange, Et mon corps par le mal est tout déshonoré ; Fils, je suis le champ vil des sublimes combats, Tantôt l’homme d’en haut, tantôt l’homme d’en bas, Et le mal dans ma bouche avec le bien alterne Comme dans le désert le sable et la citerne ; Ce qui n’empêche pas que je n’aie, ô croyants !

Tenu tête dans l’ombre aux Anges effrayants Qui voudraient replonger l’homme dans les ténèbres ; J’ai parfois dans mes poings tordu leurs bras funèbres ; Souvent, comme Jacob, j’ai la nuit, pas à pas, Lutté contre quelqu’un que je ne voyais pas ; Mais les hommes surtout on fait saigner ma vie ; Ils ont jeté sur moi leur haine et leur envie, Et, comme je sentais en moi la vérité, Je les ai combattus, mais sans être irrité, Et, pendant le combat je criais : » laissez faire ! Je suis le seul, nu, sanglant, blessé ; je le préfère.

Qu’ils frappent sur moi tous ! Que tout leur soit permis ! Quand même, se ruant sur moi, mes ennemis Auraient, pour m’attaquer dans cette voie étroite, Le soleil à leur gauche et la lune à leur droite, Ils ne me feraient point reculer ! » C’est ainsi Qu’après avoir lutté quarante ans, me voici Arrivé sur le bord de la tombe profonde, Et j’ai devant moi Allah, derrière moi le monde.

Quant à vous qui m’avez dans l’épreuve suivi, Comme les grecs Hermès et les hébreux Lévi, Vous avez bien souffert, mais vous verrez l’aurore. Après la froide nuit, vous verrez l’aube éclore ; Peuple, n’en doutez pas ; celui qui prodigua Les lions aux ravins du Jebbel-Kronnega, Les perles à la mer et les astres à l’ombre, Peut bien donner un peu de joie à l’homme sombre. »

Il ajouta ; » Croyez, veillez ; courbez le front. Ceux qui ne sont ni bons ni mauvais resteront Sur le mur qui sépare Eden d’avec l’abîme, Etant trop noirs pour Dieu, mais trop blancs pour le crime ; Presque personne n’est assez pur de péchés Pour ne pas mériter un châtiment ; tâchez, En priant, que vos corps touchent partout la terre ; L’enfer ne brûlera dans son fatal mystère Que ce qui n’aura point touché la cendre, et Dieu A qui baise la terre obscure, ouvre un ciel bleu ; Soyez hospitaliers ; soyez saints ; soyez justes ; Là-haut sont les fruits purs dans les arbres augustes, Les chevaux sellés d’or, et, pour fuir aux sept dieux, Les chars vivants ayant des foudres pour essieux ; Chaque houri, sereine, incorruptible, heureuse, Habite un pavillon fait d’une perle creuse ; Le Gehennam attend les réprouvés ; malheur !

Ils auront des souliers de feu dont la chaleur Fera bouillir leur tête ainsi qu’une chaudière. La face des élus sera charmante et fière. » Il s’arrêta donnant audience à l’espoir. Puis poursuivant sa marche à pas lents, il reprit : » O vivants ! Je répète à tous que voici l’heure Où je vais me cacher dans une autre demeure ; Donc, hâtez-vous.

Il faut, le moment est venu, Que je sois dénoncé par ceux qui m’ont connu, Et que, si j’ai des torts, on me crache aux visages. » La foule s’écartait muette à son passage. Il se lava la barbe au puits d’Aboufléia. Un homme réclama trois drachmes, qu’il paya, Disant : » Mieux vaut payer ici que dans la tombe. »

L’oeil du peuple était doux comme un oeil de colombe En le regardant cet homme auguste, son appui ; Tous pleuraient ; quand, plus tard, il fut rentré chez lui, Beaucoup restèrent là sans fermer la paupière, Et passèrent la nuit couchés sur une pierre Le lendemain matin, voyant l’aube arriver ; » Aboubékre, dit-il, je ne puis me lever, Tu vas prendre le livre et faire la prière. »

Et sa femme Aïscha se tenait en arrière ; Il écoutait pendant qu’Aboubékre lisait, Et souvent à voix basse achevait le verset ; Et l’on pleurait pendant qu’il priait de la sorte. Et l’Ange de la mort vers le soir à la porte Apparut, demandant qu’on lui permît d’entrer. »

Qu’il entre. » On vit alors son regard s’éclairer De la même clarté qu’au jour de sa naissance ; Et l’Ange lui dit : » Dieu désire ta présence. – Bien « , dit-il. Un frisson sur les tempes courut, Un souffle ouvrit sa lèvre, et Mahomet mourut Aïcha Redouane.

Source :http://www.pageshalal.fr



Les articles, commentaires et propos sont la propriété de leur(s) auteur(s) et n'engagent que leur avis, opinion et responsabilité


Commentaires : 4
Lus : 4897

Postez un commentaire

Charte des commentaires

A lire avant de commenter! Quelques dispositions pour rendre les débats passionnants sur Cridem :

Commentez pour enrichir : Le but des commentaires est d'instaurer des échanges enrichissants à partir des articles publiés sur Cridem.

Respectez vos interlocuteurs : Pour assurer des débats de qualité, un maître-mot: le respect des participants. Donnez à chacun le droit d'être en désaccord avec vous. Appuyez vos réponses sur des faits et des arguments, non sur des invectives.

Contenus illicites : Le contenu des commentaires ne doit pas contrevenir aux lois et réglementations en vigueur. Sont notamment illicites les propos racistes ou antisémites, diffamatoires ou injurieux, divulguant des informations relatives à la vie privée d'une personne, utilisant des oeuvres protégées par les droits d'auteur (textes, photos, vidéos...).

Cridem se réserve le droit de ne pas valider tout commentaire susceptible de contrevenir à la loi, ainsi que tout commentaire hors-sujet, promotionnel ou grossier. Merci pour votre participation à Cridem!

Les commentaires et propos sont la propriété de leur(s) auteur(s) et n'engagent que leur avis, opinion et responsabilité.

Identification

Pour poster un commentaire il faut être membre .

Si vous avez déjà un accès membre .
Veuillez vous identifier sur la page d'accueil en haut à droite dans la partie IDENTIFICATION ou bien Cliquez ICI .

Vous n'êtes pas membre . Vous pouvez vous enregistrer gratuitement en Cliquant ICI .

En étant membre vous accèderez à TOUS les espaces de CRIDEM sans aucune restriction .

Commentaires (4)

  • mystere1 (F) 03/01/2015 18:22 X

    que c est beau et emouvant machaallah; deja avant de devenir musulman; hugo avait exactement les memes caracteristiques d'un bon musulman; voir les vertus; donc ce nest pas etonnant quil se convertit

  • amiine (H) 03/01/2015 17:20 X

    Es'salamou eleykoum, Maouloud n'est pas une fête en Islam car ni DIEU (SWT) ni Son Prophète (SAW) ne l'ont décrété. En Islam, il y a trois fêtes: la fête du sacrifice, celle de fin de Ramadan et chaque vendredi. Wes'salamou eleykoum

  • soueidaty (H) 03/01/2015 17:00 X

    Très beau poème de Victor Hugo sur prophète Mohamed SAWS. Peut on écrire un tel poème sans croire au message de Seyidina Mohamed SAWS? Cette question, je me suis rendu compte à travers le net que, beaucoup se sont l'on posé avant moi. Débat passionnant!!!

  • pyranha (H) 03/01/2015 15:31 X

    La plupart de nos imams oui encore nos imams parce que la plupart sont faux,ignorent que certains occidentaux sont plus renseignés qu'eux sur les prophètes et sur l'islam .Ayant des barrières rigides sur tout ce qui est autrui .Je défie quelqu'un de me designer ici un Imam dont on affuble d' ERUDIT qui parlerait au moins en plus de l'arabe l'Anglais et le Français .Presque personne raison : manque de culture générale qui est à la base de ce radicalisme et cet ostracisme maladive;ce qui n'est point le cas des imans qui sont Europe qui manipulent mille et une langues.Un imam est moins ignorant et bcp plus tolérant et simple s'il manipule plusieurs langues synonyme de vivre plusieurs cultures .