16-08-2013 12:39 - Un imam de Nouakchott prêche contre l'extrémisme
Le moufti mauritanien et imam de la Grande mosquée de Nouakchott a mis à profit son prêche de l'aïd al-Fitr la semaine dernière pour combattre le discours radical.
"L’interprétation erronée des textes de l’Islam mène à l’extrémisme", a déclaré Ahmedou Ould Lemrabott Ould Habib al-Rahman le 8 août. "Certains musulmans interprètent mal le verset (29, sourate 48) du Coran 'Mahomet est le Messager d’Allah. Et ceux qui sont avec lui sont durs envers les mécréants'."
"Ce verset ne veut pas dire que les Musulmans persécutent les mécréants ou les privent de leurs droits. Il s’adresse plutôt aux mécréants qui nourrissent la haine envers l’Islam", a-t-il ajouté. "La preuve en est cet autre verset (8, sourate 60) qui dit : 'Allah ne vous défend pas d’être bienfaisants et équitables envers ceux qui ne vous ont pas combattus pour la religion et ne vous ont pas chassés de vos demeures'."
Le moufti a également appelé à renforcer l'enseignement de la charia en Mauritanie. Il a salué les efforts des autorités à cet égard, tout en soulignant qu'il restait beaucoup à faire.
"Il est certes important d’apprendre les nouvelles technologies, mais que cela ne soit pas au détriment de la charia", a-t-il ajouté.
Pour Sid Ahmed Ould Oumar, muezin de la mosquée Omar Ibn Al Khatab de Dar Naim, "Cet appel de l’imam entre dans l’ordre normal des choses". La plupart des personnes de foi dans ce pays sont en faveur de "l'application d'un Islam tolérant".
"Déjà en 2003, avec l’apparition des premiers mouvements extrémistes dans le pays, plus d’un millier d’oulémas, d’érudits, et d’imams mauritaniens avaient rendu publique une fatwa interdisant le terrorisme sous toutes ses formes et tout autre acte pouvant provoquer la mort de Musulmans et de non-Musulmans", a-t-il ajouté.
Pour sa part, Moustapha Ould Lebatt, professeur de science coranique, a expliqué que l'imam de la Grande mosquée était "connu pour ses positions intransigeantes contre l’extrémisme". "Il a toujours demandé de barrer le chemin à toute forme d’extrémisme et de terrorisme bannie par notre sainte religion l’Islam", a-t-il expliqué à Magharebia.
"Toutes les religions monothéistes et l’Islam en particulier qui s’adresse à l’humanité toute entière, s’accordent à défendre et à protéger l’intégrité physique et morale des personnes et leurs biens contre le crime et tout autre acte susceptible de les mettre en péril", a-t-il ajouté.
En janvier dernier, lors d'une conférence internationale organisée à Nouakchott, le Président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz avait demandé aux oulémas de promouvoir un Islam ouvert et tolérant en réponse aux mauvaises interprétations des extrémistes.
Le chef de l'État mauritanien avait appelé à "concevoir une nouvelle vision spirituelle unifiée contribuant dignement à faire ressortir la voie islamique correcte, qui est la voie de la clémence, de la tolérance et de l’ouverture".
Par Bakari Gueye à Nouakchott
