08-08-2013 12:54 - 'A l’heure de la rupture' chez Ahmed Mahmoud Mohamed Elkory à Dar-Naïm [PhotoReportage]
Toute l’après-midi de ce mercredi 7 août, le vieil Ahmed Mahmoud Mohamed Elkory l’a passé sur son unique matelas colonisé par les puces. L’extrême dénuement l’a livré aux mains de la mendicité qui l’a condamné à être l’ombre de lui-même. A quelques mètres de lui, des restes de repas, des excréments de chèvre décorent l’environnement.
Chez lui, on se croirait dans un tombereau à ordures. A 61 ans, Ahmed Mahmoud Mohamed Elkory montre des signes d’épuisement. Ce n’est pas dans ses habitudes pourtant de faire amende honorable.
Mais, aujourd’hui, il devra se plier à quatre face à la fatigue qui l’a contraint à rester chez lui malgré lui. Il aura, néanmoins le temps, de veiller sur ses cinq enfants, dont trois garçons qui n’arrêtaient pas sans cesse de l’enrober. Ce qui le préoccupe également, c’est que ses deux filles, âgées de 13 ans et de 15 ans, réussissent dans leurs études.
"Je suis vieux et sans ressources. Je ne nourris aucune ambition dans la vie. Mon seul souci, c’est de nourrir mes enfants, de leur permettre d’avoir une vie stable", dit le vieil Ahmed Mahmoud Mohamed Elkory.
Ici, dans cette famille, on ne vit que des recettes de la mendicité de papa. Il y’a quelques années, en 2008, Ahmed Mahmoud Mohamed Elkory procédait au coffrage pour la construction d’une terrasse, lorsqu’il a cru assister au dernier jour de sa vie. En effet, les planches avaient lâché. Il y’eut des morts et des survivants, dont Ahmed Mahmoud Mohamed Elkory. Il s’en sortira avec l’incapacité de ne plus disposer des planches. Il réussira tout de même à construire deux chambres dont l’une qu’il partage avec toute sa famille.
Courageux jusqu’à la moelle des os, il se dit malgré tout prêt à reprendre les chemins de la vie active. Mais lui sait qu’il a déjà fait son chemin. Ahmed Mahmoud Mohamed Elkory, qui s’est rôti à la sauce de la mendicité, a aujourd’hui le temps de regarder la vie à travers un grand feu de joie. Car, ses deux filles viennent de décrocher avec brio, leur entrée au collège.
Babacar Baye Ndiaye




































