01-08-2013 08:17 - Clin d’Oeil de Beyrouk : ramadan un mois de vérité
Le plus beau mois de l’année est en passe de mourir. Ramadan va bientôt s‘éloigner, et nous retournerons à notre quotidien : plus de visages ensommeillés le matin, plus de langueur les après-midi, plus de rues vides le soir, plus de familles réunies autour du Ftour, plus de longues veillées.
Ramadan va partir et nous retournerons à nos mornes habitudes : travailler un peu, parler beaucoup et regarder tout autour de soi pour « profiter » de quelqu’un ou de quelque chose. Pendant un mois, tout au moins, nous aurons essayé de paraitre vertueux, de prier dans les mosquées, d’oublier pendant toute une journée les nourritures et parfois les médisances.
Ramadan est un mois où certains retrouvent une certaine virginité, ils mettent en veilleuses les petits et les grands larcins, les mensonges, les « tchebttibs » ; ils s’efforcent de se donner une âme, ils prétendent par un mois de vertu effacer toute une année de forfaitures.
Cependant pour beaucoup de mauritaniens, le petit peuple surtout, Ramadan reste un mois où l’on n’essaye de rentrer en soi, de réveiller toute sa spiritualité, de s’éloigner des vulgarités terrestres et de vivre sa foi.
J’aime bien juste avant le « Ftour » traverser la ville. Et ce ne sont pas les conducteurs imprudents et qui ont hâte de rejoindre leurs foyers qui retiennent mon attention, ce sont plutôt les vendeurs de rue qui attirent mon regard.
Tu les vois , eux qui ont travaillé toute la journée, sous un soleil brûlant, tirer de petits ustensiles de thé, préparer une boisson , sortir une miche de pain, cuisiner à petit feu, comme tout le monde leur « Ftour ».
Ils ont jeûné toute la journée, sous un soleil de plomb, ils ont crié, couru, pour attirer des clients , ils ne connaissent pas la sieste ni la climatisation, ils travaillent dur , et à l’heure du Ftour , ils arrêtent tout, un court moment, juste un instant, pour se sustenter, pour se désaltérer, pour prier et reprendre .
Chez eux la foi est simple et profonde, elle ne se crie pas , elle ne connait pas de plainte , elle s’accompagne de sueurs, elle se vit sans ostentation et sans discours .La foi telle que je l’aime, la foi du charbonnier, forte et simple, celle dont le Calife Omar, aurait dit on rêvé !
Mais la fin du Ramadan apporte aussi bien des soucis. Parce qu’alors approche la fête du « Fitr »et les dépenses parfois énormes qui l’accompagnent. Je ne suis pas de ceux qui dénoncent à longueur d’année les « folies » des fêtes. Je crois que les familles ont bien le droit, de temps en temps, de sortir de l’ornière, de « s’éclater » comme on dit.
Et c’est toujours beau de voir les sourires des enfants les jours de fête, et c’est toujours beau de voir toute la famille réunie autour d’un festin. Mais certains exagèrent, c’est sûr, et se donnent des ambitions démesurées pour leurs bourses.
Mais quoiqu’on dise, Ramadan, restera toujours le souvenir le plus marquant de l’année, le seul mois qu’on regrette vraiment, le seul dont on se souvient longtemps. Ramadan n’st pas un mois de privations, c’est un mois de vérité et de foi
Beyrouck
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