Depuis le reportage de Babacar Baye N’Diaye dans CRIDEM intitulé « l’heure de la rupture à Tarhill 17 » je me surprends à reprendre courage et confiance en la faculté des mauritaniens à se préoccuper de leurs frères démunis !

La famille de Cheikhna Sakhanokho est une histoire tragiquement magnifique dans ce sens que cette famille montre un courage, une dignité, une pudeur qui est de nos jours très rare. Je sais de quoi je parle car j’ai eu contact certainement avec plusieurs centaines de familles démunies depuis mon arrivée dans ce pays il y a maintenant presque 8 ans !

Malgré toute la compréhension dont on doit les gratifier j’étais quelques fois un peu désorientée de la façon pressante dont ces pauvres familles réclamaient quelque chose de moi...

Comme si j’étais une princesse d’Arabie Saoudite qui venait avec des valises pleines d’argent et une fois les valises vides, il aurait suffit que la princesse appelle Papa le Roi et toutes les valises se seraient remplies comme par magie !

J’ai dans mes pérégrinations rencontré plusieurs familles de la trempe de celle de Cheikhna... avant tout à l’intérieur du pays ! J’avais à l’époque parlé de mon émerveillement pour la sagesse et la noblesse des habitants de Ouadane qui en raison de la tempête avaient vu leurs étalages détruits, leurs clients disparaître et qui au lieu de faire des gains substantiels se sont retrouvés plus pauvre qu’avant les festivités !

J’aurais pu m’asseoir auprès d’eux et pleurer tout ce que j’avais comme larmes... Je pense que c’est eux qui auraient tenté de me consoler en m’assurant que ce n’était pas si grave... Je me souviens de la gérante de l’auberge ou j’étais logée! Femme active et courageuse elle se démenait jour et nuit pour que tous ses « invités » se sentent bien ! L’auberge était occupée à plein et elle se réjouissait car la majorité avait réservé pour plusieurs jours !

La nature en avait décidé autrement et le jour suivant l’ouverture des festivités elle vit partir environ 70% de ses pensionnaires ! J’étais a ses côtés au moment de l’exode et je ne peux dire combien j’ai admiré cette femme ! Elle trouvait pour chacun les mots adéquats pour leur dire la joie qu’elle avait eu à les recevoir et combien, elle comprenait leur désir de partir !

Nous regardâmes ensemble le dernier véhicule partir... Le silence était écrasant... Elle se tourna vers moi, vit mes yeux pleins de larmes et lorsque je réussis à articuler : Je suis si désolée pour toi, elle me répondit en m’offrant son radieux sourire : Ah Maryam ne t’inquiète pas... C’est comme çà, c’est tout ! Quelle leçon !

Je voudrais répondre aux internautes qui plein de compassion se posent des questions du genre : A qui servent toues les richesses du sol de ce pays ? Ah mes amis regardez autour de vous... Les maisons si monstrueusement grandes, si somptueuses que depuis longtemps je n’essaie plus de calculer les sommes englouties dans leur construction pour ne pas avoir le vertige... Combien de ces « palaces » ont ils été construits avec l’argent de ces richesses frauduleusement acquises !

D’autres se demandent ou est la solution, le remède contre cette misère ? C’est sans contestation possible l’Etat qui devrait se sentir interpellé ! Même si chacun de nous met la main à la poche, cet état de choses ne sera pas à régler de façon totale ! Dans mon pays l’Allemagne nous avons les structures gouvernementales qui même si elles sont moins prodigues qu’autrefois (la crise oblige) permettent aux familles de vivre décemment !

En cas de maladie le service social accorde la prise en charge... Pour donner un exemple, le service social donne a chaque fin de mois un certaine somme qui est calculée sur le nombre de membres de la famille, il est examiné si peut-être des parents ont les revenus nécessaires pour soutenir cette famille, également si les aînés sont déjà titulaires d’un travail et que leurs revenus dépassent un certain plafond ils sont tenus d’aider leur famille dans le besoin... Tout est exactement calculer à l’Euro près !

Ce qui n’empêche en aucun cas l’initiative privée et je peux vous affirmer que ceux qui le peuvent et n’aident pas sont relativement rares ! Beaucoup réfléchissent à la façon d’aider sans blesser la dignité du récipiendaire ! L’aide n’est pas seulement financière mais se situe aussi au plan strictement humain ! Beaucoup d’organisations dépendantes des églises proposent l’aide sous toutes ses formes !

Pour donner quelques exemples : Aider les personnes âgées à combattre leur solitude en organisant des après-midi communautaires, ou ces personnes peuvent se rendre et ou elles ont des contacts qu’elles n’auraient par elles mêmes ! Celui qui ne peut pas aider financièrement peut mettre son temps à disposition, son savoir, ses connaissances éventuellement ses relations... On peut faire beaucoup pour aider Cheikhna et ses semblables, il faut avant tout « vouloir » sincèrement !

Maryam Brodowski-Bâ
maryambrodoski@yahoo.fr