22-07-2013 14:57 - L’esprit du Ramadhan »...
CRIDEM a fait paraître ce samedi 20 Juillet un reportage pathétique* et certainement pris sur le vif sans tricheries ni exagérations dans le bon ou le mauvais sens !
J’ai été émue de retrouver l’atmosphère des « Gazras » dans toute sa vérité ! Les commentaires des internautes étaient touchants dans la honte qu’ils expriment de voir des familles vivre comme cela ! Je suis toujours un peu étonnée lorsque je constate que beaucoup de nos congénères parlent de la pauvreté avec autant de connaissance de ce fléau que moi de « Wall Street »...
Je n’y suis jamais allée et je prends conscience régulièrement qu’une grande partie des mauritaniens ne connaissent ces lieux que par ouï dire !
Les « Gazras » et leurs populations sont des réalités qui devraient nous interpeller quotidiennement et pas seulement pendant le Ramadhan !
Je connais ce milieu des « Gazras » et ses populations que je porte profondément dans mon cœur et qui me mettent en rage parce qu’elles m’obligent involontairement de voir combien mes moyens sont réduits !
J’ai partagé des jours en nombre incalculables avec les habitants de ces rassemblements de misère... Je me suis forcée certains jours à ne pas détourner la tête car ma faculté de supporter ce que je voyais commençait à me faire défaut !
Bien des fois j’ai raconté dans cette chronique que j’avais vécu à Arafat (Msid Nour) pendant 18 mois, J’y ai passé une période très belle de mon séjour ici, ma maison était si délabrée que le plus habitué à la pauvreté venait me voir mais restait prudemment dehors... Les autres « amis » toubabs ou mauritaniens préféraient ne pas venir du tout !
Cela a été une période très enrichissante pour moi, ou j’ai, j’ose l’affirmer, pris conscience de l’indispensable, du nécessaire et du ... Superflu ! Mon budget étant à l’époque assez « malnutri » je dus apprendre à vivre avec peu car je voulais tout de même aider mes « protégés » et n’achetais que ce dont j’avais absolument besoin !
Pendant ce temps je fis la connaissance de mon ami tunisien qui ne put cacher son étonnement lorsqu’il apprit ou je vivais ! Je lui racontais combien les familles autour de moi étaient attachantes et lui parlais des enfants qui m’entouraient et de tout ce que je découvrais grâce à ma présence dans cette société ! Je lui racontais le degré de pauvreté mais aussi la joie qu’avaient les femmes à arriver tous les jours à faire bouillir leur marmite ! J’ajoutais qu’en fait je vivais comme elles !
Après un court moment de réflexion il me dit : Avec la différence que pour vous c’est une expérience car je suppose que vous pouvez vous permettre une vie plus confortable et si vous en avez assez, vous pouvez partir... Eux, ne le peuvent pas !
Il avait parfaitement raison... Je n’avais pas vu la situation sous cet angle ! Effectivement un jour je suis partie... Un peu découragée de constater qu’en dehors d’un peu de réconfort je ne pouvais rien leur donner et en partant j’ai provoqué beaucoup de larmes mais fais plaisir au moins à une famille : celle qui « convoitait » ma maison qu’elle trouvait belle...
Tout est relatif, pour la comprendre il fallait savoir ou elle avait habité jusque là !
Pour en revenir au reportage de CRIDEM, il montre une famille typique de ces « Gazras » et un des internautes ne comprend pas pourquoi ses congénères éprouvent de la honte car cette façon de rompre le jeune est exactement celle décrite par notre Saint Prophète !
Je pense que la façon de rompre le jeune assez frugale il faut le dire (mais certainement assez onéreuse pour cette famille) n’est pas la raison de honte de ceux qui ont écris les commentaires mais la prise de conscience de ces multitudes de familles qui vivent comme celle montrée ! Parfois un peu mieux... Parfois encore plus précaire !
Cet homme parle de « l’esprit du Ramadhan » et je suis entièrement d’accord avec lui, mais quels sont ceux qui repensent à cet « esprit » pendant ce mois que tout le monde appelle « Béni » Qu’y a-t-il sur la table des familles pieuses mais riches ou tout au moins aisées à l’heure de la rupture ?
Ou sont les quelques dattes et l’eau que recommandait notre Saint prophète ? Lorsque quelqu’un se plaint que ce mois revient cher, je peux en toute sincérité prétendre ne pas comprendre faisant des économies pendant ces 4 semaines...
Et je m’aperçois avec une certaine fierté que ma famille a changée ses habitudes... Fini le Bissap et le Célia trop chers... L’eau déshydrate aussi... Et nous mangeons pour arriver à passer la journée suivante... Et à travailler sans faiblesse... Pas plus... Les « extras » ce sera (peut-être) pour la fête ! Bon Ramadhan à tous !
Maryam Brodowski-Bâ
maryambrodowski@yahoo.fr
* 'A l’heure de la rupture' dans la famille 'Abde Ravie' à Toujounine [PhotoReportage]
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