Les leaders religieux mauritaniens identifient "les maux essentiels de la société" et recommandent des moyens pour lutter contre le radicalisme. Plus de cinquante érudits, imams, ecclésiastiques et responsables gouvernementaux mauritaniens ont récemment participé à une conférence de trois jours au cours de laquelle ils ont collaboré et discuté des moyens de combattre l'extrémisme.

Le ministère mauritanien des Affaires islamiques et l'Association des oulémas mauritaniens ont clôturé ce forum de formation le 20 février à Nouadhibou, à 450 km au nord de Nouakchott.

Ce forum de trois jours s'est consacré à des thématiques liées à l’identité islamique et à la notion de l’Etat dans une perspective islamique. Les sujets de la dimension socio-économique de la construction de l'Etat et de la gravité du problème de l'extrémisme, qui affecte l'entité de la nation, ont été également abordés.

Les participants ont conclu cette rencontre par un certain nombre de recommandations, notamment la nécessité de mettre en place un fonds de la zakat et de promouvoir davantage la justice pour combattre l'extrémisme et le fanatisme, a rapporté AMI.

Sont également recommandés le fait d'accorder plus d'attention aux mosquées et écoles religieuses, et d'encourager l'implication des femmes dans de tels forums.

Ce forum a "appelé à assumer un rôle de premier plan pour guider les jeunes et établir des liens entre eux et le comportement et l'éthique de la religion islamique, connue pour les valeurs de tolérance, d'ouverture et de modération, et pour le rejet de toutes formes de violence et d'extrémisme", a déclaré un représentant du ministère des Affaires islamiques, Mohamed Hadi Ould Taleb, lors de la clôture de l'évènement.

Ce forum "a permis d'identifier les maux essentiels dont souffre la société, du point de vue du clergé", a ajouté l'inspecteur général de l'Association des oulémas mauritaniens, Bouna Oumar Ly. Il a d'autre part souligné la question de l'unité nationale et expliqué qu'identifier ces maux et leur trouver des remèdes permettrait de soutenir les programmes de développement de l'Etat.

Le rôle des femmes dans la lutte contre l'extrémisme a aussi fait l'objet de discussions, a indiqué Salema Mint Cheikh, militante pour les droits des femmes.

Bien que ces recommandations ne définissent pas de rôle spécifique pour les femmes, Cheik a fait remarquer qu'en général, les femmes étaient davantage capables de faire face à l'extrémisme.

"Ce sont les femmes qui constituent la première des écoles. Si elles s'impliquaient réellement, l'extrémisme ne serait pas parvenu jusqu'à nous", a-t-elle relevé. Selon elle, la plupart des extrémistes se sont laissés influencer par des idées radicales parce qu'ils n'avaient pas reçu d'éducation, et la grande majorité de ceux qui ne se sont pas laissés convaincre viennent de familles instruites.

Elle a demandé qu'une attention particulière soit portée à l'information et à l'éducation des femmes, notant qu'elles étaient victimes d'analphabétisme forcé, de négligence, et qu'on leur refusait la participation au développement d'une stratégie d'éradication de l'extrémisme.

"Par l'intermédiaire du rôle que peuvent jouer des femmes instruites et éduquées et les enseignants à l'école… Prise de conscience et éducation peuvent se répandre. De plus, il faudrait faire un ajout au programme, qui montrerait de façon simplifiée la différence entre une idéologie extrémiste et la tolérance de l'Islam", a-t-elle déclaré.

"Le dialogue est le moyen le plus efficace pour faire face aux extrémistes, et le développement de la prise de conscience et de l'éducation sont les meilleurs outils pour combattre la déviance", affirme le chercheur en pensée islamique Mohamed Mahmoud Ould Bashir.

L'éducation et l'alphabétisation jouent également des rôles d'importance dans la lutte contre l'extrémisme et le radicalisme. La majorité des extrémistes sont ignorants à l'égard de la religion "tout en se considérant eux-mêmes, dans le même temps, comme des protecteurs de cette religion", a-t-il ajouté.

Par Jemal Oumar à Nouakchott pour Magharebia