13-02-2013 09:00 - Biscuiterie Médina : Un salarié licencié après avoir été amputé de 3 doigts

Biscuiterie Médina : Un salarié licencié après avoir été amputé de 3 doigts

La société de Fabrication des Biscuits « Médina », ne semble avoir aucune limite dans sa logique de violation des droits des travailleurs. Ainsi, après les licenciements en cascade que la société a procédé l’année dernière, pour des travailleurs ayant juste réclamé des droits tels que le cas de Boubacar Fall, c’est un autre cas encore plus alarmant qui vient de se produire au sein de cette société.

Il s’agit de celui d’Abderrahmane Dabo, recruté comme opérateur à la même société depuis mars 2012. Lui aussi, comme plusieurs de ses autres collègues évoluent dans des conditions de travail épouvantables qui ne garantissent aucun respect des mesures de santé et de sécurité au travail.

Il effectuait plus de 12h de travail par jour souvent 24H sur 24 ; ne bénéficiant pas d’un congé annuel complet, ni de repos hebdomadaire, ni de primes ou indemnités et autres avantages liés à l’exécution de son contrat de travail et le tout avec un salaire de 30.000UM, qui ne lui permet même pas de couvrir ses différents besoins.


Abderrahmane Dabo, n’était même pas déclaré auprès de la Caisse Nationale de Sécurité Sociale, ce qui de facto lui privait de toutes les prestations sociales de cette institution auxquelles il avait pleinement le droit. Les déboires d’Abderrahmane Dabo, ont véritablement commencé à la date du 12 août 2012, lorsqu’il a été victime d’un accident de travail qui lui a causé l’amputation de 3 doigts à la main gauche, dans l’usine de fabrication (voire photo).

Par sa mauvaise foi, la société n’a même pas voulu prendre en charge la totalité des frais médicaux liés à cet accident. Une situation qui a littéralement balayé d’un revers de la main, les maigres moyens que ce travailleur avait pu économiser durant toutes ces années.

Le comble de cette tragédie, est intervenu lorsque le travailleur, après quelques mois de convalescence, a voulu reprendre service, mais c’était sans compter sur la réaction ignoble de son employeur qui lui a signifié verbalement son licenciement. Pire, l’employeur n’a même daigné lui verser le moindre khoms pour soulager le travailleur en question dans cette douloureuse épreuve.

Une attitude qui viole de façon délibérée les dispositions des articles 23 de la Convention Collective et 41 de la loi 67-039 du 03/02.1967. Il faut préciser que cette décision n’est pas conforme aux dispositions de l’article 5 du Décret n° 65.051 du 25/02/1965 qui stipulent que le travailleur, victime d’un accident du travail ou d’une maladie professionnelle, ne peut être licencié sans autorisation de l’inspection du travail du ressort.

Malgré sa douleur et son handicap, ce travailleur a décidé de porter l’affaire auprès de son organisation syndicale, en l’occurrence la CGTM qui a saisi les autorités compétentes afin que ce travailleur soit rétabli dans ses droits. Par ailleurs, notons que cet accident réanime le débat sur la santé et la sécurité des travailleurs sur les lieux de travail.

La CGTM a également exprimé sa vive préoccupation à l’égard de nombre élevé des accidents professionnels qui ne cesse de prendre de l’ampleur face à l’impuissance des pouvoirs publics à freiner cette spirale.

Rappelons que l’organisation syndicale, continue de se mobiliser pour l’adoption de l’arrêté portant création de la Commission Nationale de Sécurité et de Santé, ainsi que la désignation de ses membres dans les plus meilleurs délais en plus de la mise en place des Comités de contrôle des règles de santé et de sécurité au travail.

Elle a plusieurs fois lancé un appel au gouvernement et aux employeurs pour qu’ils prennent des mesures appropriées afin de préserver la sécurité et la santé des travailleurs. A ce jour, aucune réaction positive n’a été enregistrée de la part de ces partenaires sociaux qui restent sourds à l’appel de la CGTM.

Massiré Diop
Chargé de presse et communication


Confédération Générale des Travailleurs de Mauritanie
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Commentaires (7)

  • Ko min (H) 13/02/2013 17:14 X

    Nduyeejo,
    Ta solution semble la meilleure. Comme ça elle (la société) si elle part en faillite, elle serait dans l'obligation de se revoir et de négocier. Mais dommage, les mauritaniens sont très précaires et pauvres. Chacun pense à son petit vendre qu'à aider l'autre.

  • bleil (H) 13/02/2013 16:36 X

    La honte pour le pays, qui n'a aucun control effectif sur les entreprises (nationales & internationales) qui tissent l'economie nationale ... chacun fait comme bon lui semble, et surtout ne pas tenir compte des lois qui protégent nos citoyens!

    BOYCOTT DES BISCUITS!

  • Nduyeejo (F) 13/02/2013 14:07 X

    Le problème du boycott c'est que tous les consommateurs ne sont pas informés. C'est un problème que seul les ouvriers de cette usine peuvent régler, ils n'ont qu'a décréter une grève générale a durer illimité s'il le faut.

  • ardo (H) 13/02/2013 13:01 X

    Bonjour à tous les lecteurs
    Ce qui est arrivé à cet employé est horrible mais c'est la faute à l'etat puisqu'apparement le directeur est couvert en haut lieu. Dans cette meme usine un ouvrier est mort il y'a une dizaine d'années broyé par le malaxeur à petrin. A l'epoque aucune enquete n'avait été diligenté

    Si rien n'est fait pour la sécurité des travailleurs dans cette usine et dans les autres du pays, ne soyont pas etonnés de decouvrir des cas similaires

  • machaallah03 (H) 13/02/2013 12:01 X

    lumiere, je partage ton avis sur le boycott, nous devons agir ensemble pour defendre les bonnes causes a notre facon

  • lumiere (H) 13/02/2013 11:14 X

    Chacun peut faire son combat:
    Exemple: n'acheter plus les produits de cette Societe, et informer les autres afaire pareil. Il vont perdre un chiffre d'affaire.

    J'ai un ami qui la meme injustice avec la societe ESSAVI (eau) bon nombre personnes n'achete plus leur bouteille. Toute personne juste doit les soutenir, c'est une cause juste.

  • blackcristal (H) 13/02/2013 09:39 X

    Ce cas a la chance d'être médiatisé à l'instar de plusieurs autres cas d'injustice des salariés tapis dans l'ombre. Cela pose ouvertement la problématique du respect des droits du travail en entreprise.

    D'une part nous avons des salariés qui ignorent intégralement leurs droits face à des employeurs mal intentionnés et qui excellent dans des pratiques barbares pires même que celles que nous avions connues à la période de l'esclavage.

    De l'autre une Centrale Syndicale (CGTM) plus mobilisée que jamais et déterminée à défendre tous les droits des pauvres salariés. Où est l'Etat, le législateur, garant des libertés individuelles?

    Sincèrement j'ai honte pour mon pays, et la pire des malédictions qui m'est arrivée est d'être né mauritanien. L'avenir de ce pays, en l’occurrence de nos entreprises, réside dans les efforts conjugués des salariés qui représentent la 1ère force de l'entreprise et eux seuls sont capables de dégager cette bande de criminels en puissance hors de notre vue. 90 % des entreprises mauritaniennes sont concernées par ce cas, sans exception et celles qui sont les plus assises financièrement sont les premières à exploiter les travailleurs.