13-12-2025 21:45 - Corruption en Mauritanie. Le glas de l’impunité a-t-il (enfin) sonné?

Corruption en Mauritanie. Le glas de l’impunité a-t-il (enfin) sonné?

LE360 AFRIQUE - Après plusieurs semaines d’enquête menée par la police chargée de la répression des infractions à caractère économique, le rapport de la Cour des Comptes portant sur les années budgétaires 2022 et 2023, a été transmis à la justice. Six anciens responsables sont en détention provisoire.

Sur une trentaine de personnalités entendues au cours de cette étape initiale, six anciens hauts responsables, ont été placés en détention provisoire, soupçonnés de diverses formes d’infractions liées à la gestion des affaires publiques.

Le président de la République, Mohamed Cheikh El Ghazouani, avait déclaré qu’«aucune personne, quelle que soit sa position, n’échappera à la sanction».

Maitre Lô Gourmo, avocat et homme politique espère la fin d’une époque: «je constate comme tout le monde, que quelque chose bouge. Il y a une mobilisation de l’opinion autour des questions de gabegie, de détournement des biens publics après des décennies de laisser-aller, pour ne pas dire d’impunité. On entre dans une nouvelle dynamique. Le fait que le rapport de la Cour des Comptes atterrissent dans les mains du parquet et que des poursuites soient engagées contre d’anciens hauts responsables, est une bonne chose».

Cependant, ce praticien du droit insiste sur le respect du principe de la présomption d’innocence, un droit absolu de la défense et met en garde contre les effets pervers de la confusion, entre simples fautes administratives et infractions pénales «détournement de biens publics et trafic d’influence…».

Mohamed Abdallah Belil, président de l’Organisation mauritanienne de lutte contre la corruption (OMLC), constate une volonté «du gouvernement de sévir contre l’impunité, de ne plus tolérer les détournements de deniers publics, la mauvaise gestion et tous les actes de nature à causer un préjudice à la collectivité. Toutefois, il y a lieu de veiller au respect du principe de la présomption d’innocence».

Pour sa part, Mohamed Vadel, président Coalition nationale de lutte contre la corruption (CNLC), met l’accent sur deux choses essentielles: «la volonté politique au plus haut niveau et une mobilisation de tous les segments de la société, toutes les forces vives du pays dans un élan collectif, pour accompagner cette nouvelle dynamique».

Par Amadou Seck (Nouakchott, correspondance)





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Commentaires (3)

  • Hartaniya Firilile (H) 13/12/2025 23:30 X

    Monsieur le Professeur, à l'instar des autres intervenants, je souhaiterais savoir laquelle de ces deux institutions, la Cour des comptes ou la Police judiciaire, commet une erreur d'appréciation. Par ailleurs, pourquoi la Justice renvoie-t-elle systématiquement les dossiers sensibles pour complément d'information, lesquels aboutissent invariablement à un non-lieu et à un classement sans suite une fois l'enquête de la Police judiciaire achevée.

  • Hartaniya Firilile (H) 13/12/2025 23:30 X

    Ma seconde préoccupation concerne les erreurs commises par la Cour des comptes dans ses rapports, affectant un nombre considérable de 26 personnes accusées, alors que seules 6 personnes seraient réellement impliquées dans des malversations portant sur des milliards d'ouguiya. Comment expliquer ces inexactitudes et quelle devrait être la conduite future de la Cour des comptes? C'est la première fois que cette institution est ainsi contestée et démentie, sans qu'aucune solidarité ne se manifeste entre les organismes de contrôle. Il semble que les conclusions d'une institution puissent être invalidées par une police qui privilégie les intérêts financiers avant toute procédure légale.

  • Hartaniya Firilile (H) 13/12/2025 23:29 X

    Le blanchiment d'individus par la police dans le cadre de compléments d'enquête constitue une aberration, car les forces de l'ordre ne sauraient se substituer à l'institution judiciaire. Il est inconcevable que des informations financières émanant de la Cour des comptes, institution dont la crédibilité est établie, puissent comporter des erreurs d'une telle ampleur. Cette pratique doit cesser. J'estime que la Cour des comptes devrait démontrer son intégrité dans cette affaire manifestement orchestrée par la police, qui remet en cause la fiabilité de cette haute juridiction. Par conséquent, il serait opportun que les personnes innocentées intentent une action en justice contre la Cour des comptes pour abus de pouvoir dans l'exercice de ses fonctions.