29-10-2025 19:30 - Au Mali, la ville de Léré presque vidée de sa population
DW -- Sous la menace d’un ultimatum lancé par le Jnim exigeant leur départ avant le dimanche 26 octobre, les habitants ont commencé à fuir la ville, redoutant de nouvelles attaques.
La ville carrefour de Léré, située entre le centre du Mali et la frontière mauritanienne, se vide progressivement de ses habitants. Régulièrement ciblée par des attaques et des blocus imposés par des groupes djihadistes ces dernières années, notamment le JNIM, la localité vit sous une menace constante.
Son positionnement stratégique dans la région de Tombouctou, à une soixantaine de kilomètres de la Mauritanie, en fait une cible privilégiée pour les groupes armés qui cherchent à contrôler les axes commerciaux reliant le centre et le nord du pays.
Une vie plus chère, une population en exil
Ces coupures de routes empêchent les commerçants de ravitailler la population en produits de première nécessité. Malgré l’ultimatum lancé la semaine dernière par le Jnim, certains habitants continuent de résister.
"Nous sommes là parce que c’est le moment de la récolte dans notre champ. Après ces travaux, on décidera si on doit quitter ou rester à Léré. Le problème, c’est que lorsque les groupes armés font des déclarations, il n'y a personne pour nous rassurer.
C’est la raison pour laquelle nous sommes obligés d’obéir aux mesures qu’ils imposent. Nous les prions vraiment de libérer nos routes", a raconté un habitant resté sur place avec sa famille.
Depuis cet ultimatum, les prix ont explosé : le bidon d’huile de 20 litres est passé de 16 000 à 20 000 francs CFA et le sac de riz de 20 000 à 30 000 francs CFA. Cette flambée des prix, combinée à l’insécurité alimentaire, a poussé une grande partie des habitants à fuir vers Niafunké ou vers des villages frontaliers de la Mauritanie.
Des solutions locales espérées
Pour Boubacar Mahamane Maiga, membre de l’ex-société civile de Tombouctou, les notables de la zone peuvent contribuer à une sortie de crise.
"C’est une situation que Léré a déjà connue par le passé, puisque la ville a déjà été soumise à plusieurs blocus. Mais des approches locales ont permis, à chaque fois, d’amoindrir la situation, et je crois que cela pourrait de nouveau être le cas cette fois-ci", a-t-il expliqué.
Contacté, le gouvernorat de Tombouctou assure n’avoir reçu aucune information sur un déplacement massif des habitants de Léré.
Selon une source locale, une rencontre avec les services de l’État, notamment la direction régionale du développement social, serait prévue afin "d’examiner la question".
Mahamadou Kane
