09-09-2025 20:43 - Attaque israélienne à Doha: pour la première fois, un pays médiateur touché

RFI - Les bombardements de l'aviation israélienne ce mardi 9 septembre à Doha sont une première. Ces dernières années, des frappes israéliennes ont tué des responsables du Hamas palestinien dans plusieurs pays de la région. Cette fois, c'est sur le sol du Qatar, monarchie du golfe Persique qui héberge de longue date les dirigeants du Hamas en exil tout en œuvrant à la médiation avec Israël.
Le Qatar est un proche allié des États-Unis et des Européens, tout en ayant des relations avec des mouvements islamistes du Moyen-Orient, y compris le Hamas palestinien, qui figure sur les listes américaine et européenne des organisations terroristes.
Le richissime émirat gazier n'entretient pas de relations diplomatiques avec Israël, ce qui n'a pas empêché les deux pays de s'entendre pour permettre au Qatar de soutenir financièrement les Palestiniens de la bande de Gaza avant le 7 octobre 2023.
Les diplomates qatariens rappellent régulièrement que c'est à la demande de Washington que Doha fait office de médiateur entre le Hamas et Israël. Une médiation qui – depuis le début de la guerre à Gaza – a permis deux cessez-le-feu assortis de libérations d'otages israéliens.
Bien qu'engagé dans cette négociation indirecte, Israël n'a de cesse de critiquer les liens entre Qatar et Hamas et les frappes de ce mardi mettent en péril le fragile canal de discussion entretenu jusque-là par la monarchie qatarienne.
L'inquiétude des monarchies du golfe Persique
L'entente entre les monarchies du golfe Persique est loin d'être parfaite, mais ce mardi, l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis – les autres poids lourds de la région – ont vite apporté leur soutien au Qatar. C'est un « acte criminel » a jugé le prince héritier saoudien. Une attaque « traitresse » selon Abou Dhabi, seule capitale de la sous-région à avoir normalisé ses relations avec Israël.
Les monarchies du golfe Persique partagent la même inquiétude de se voir rattraper par l'instabilité régionale. Et chacune à leur façon, elles ont tenté d'œuvrer à une désescalade depuis deux ans. Le Qatar a fait office de médiateur avec le Hamas quand les Émirats ont maintenu le contact avec Israël et fait parvenir de l'aide humanitaire dans la bande de Gaza. Et l'Arabie saoudite, elle, a tenté de dessiner l'après-guerre.
Mais l'attaque menée à Doha, ce mardi, souligne qu'Israël n'entend plus limiter ses opérations aux seuls pays ennemis. Et les monarchies du Golfe ne peuvent que constater qu'elles ne sont pas protégées par leur alliance avec les États-Unis.
Elles ont pourtant tenté de s'attirer les bonnes grâces du président américain : le Qatar a offert à Donald Trump un nouvel avion de luxe évalué à 400 millions de dollars. Et l'Arabie saoudite et les Émirats ont promis des investissements aux États-Unis qui se comptent en milliard de dollars.
PAR RFI