07-09-2025 23:54 - Diplomatie commerciale en trompe-l’œil : quand Nouakchott confond vitrines et résultats

Diplomatie commerciale en trompe-l’œil : quand Nouakchott confond vitrines et résultats

Le Quotidien de Nouakchott - La participation de la Mauritanie au Salon africain du commerce interafricain (IATF 2025) à Alger, vantée par la ministre du Commerce et du Tourisme Zineb bint Ahmednah et appuyée par le patronat, illustre une fois encore la confusion persistante entre communication politique et véritable stratégie économique.

Des stands décorés, mais où sont les marchés ?

La ministre s’est félicitée du « rayonnement » du pavillon mauritanien, mettant en avant la diversité des produits exposés. Mais l’essentiel manque : aucune feuille de route claire pour transformer cette vitrine en contrats concrets.

L’événement se limite trop souvent à des visites protocolaires, des photos souvenirs et des déclarations convenues. Pendant ce temps, les exportations mauritaniennes restent concentrées sur une poignée de produits bruts (minerai de fer, poisson, or), sans véritable percée dans les marchés africains.

Le mirage du partenariat algérien

La rencontre avec le ministre algérien du Commerce, Tayeb Zitouni, a été présentée comme une opportunité pour renforcer la coopération dans la protection du consommateur et la régulation du marché intérieur. Mais derrière les belles paroles, aucune annonce tangible, aucun mécanisme précis, aucun calendrier de mise en œuvre. On parle d’« échanges d’expériences » alors même que la Mauritanie peine à assurer la transparence des prix sur son propre marché.

Un patronat plus suiveur que moteur

Le président de l’Union nationale du patronat mauritanien, Mohamed Zein El Abidine Ould Cheikh Ahmed, a salué la participation « Made in Mauritania ». Mais là encore, on reste dans la rhétorique : aucun investissement structurant, aucune stratégie offensive pour conquérir des parts de marché régionales. Les entrepreneurs mauritaniens continuent d’évoluer dans un écosystème contraint, marqué par la faiblesse logistique, l’insécurité juridique et le poids des monopoles.

Le syndrome de la vitrine

Cette séquence confirme un travers bien ancré : la Mauritanie préfère montrer qu’elle participe plutôt que de démontrer des résultats. Or, un stand décoré dans un salon international ne suffit pas à résoudre les problèmes d’accès aux financements, de compétitivité logistique ou de certification des produits mauritaniens. À force de privilégier les apparences, le pays risque de s’enfermer dans un rôle d’acteur périphérique, observateur plus que moteur du commerce africain.

Ce qu’il aurait fallu faire

Une véritable stratégie aurait consisté à :

* présenter des accords commerciaux bilatéraux précis avec des pays ciblés ;

* annoncer la mise en place de corridors logistiques fiables pour les exportations ;

* engager des discussions sur la réduction des barrières douanières intra-africaines ;

* accompagner les PME mauritaniennes avec un plan de financement export.

En l’absence de ces mesures, la participation de Nouakchott à Alger apparaît pour ce qu’elle est : un exercice de communication politique, sans impact réel sur l’économie nationale ni sur la place de la Mauritanie dans le marché continental.





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Commentaires (6)

  • NDIEWO (H) 08/09/2025 14:51 X

    Il faut oser dire Que des beidanes, un apartheid qui ne dit pas son nom

  • Elyahmed (H) 08/09/2025 08:56 X

    Ils ont entrepris ce déplacement vers Alger sans objectif clair, se présentant au mieux comme représentants des commerçants mauritaniens. Aucun d'entre eux ne maîtrise de langue étrangère ni ne possède de compétences particulières, mais ils ont néanmoins été sélectionnés pour effectuer ce voyage et dépenser l'argent public. Les personnes qui auraient dû représenter dignement la Mauritanie n'ont pas été choisies, car la ministre a privilégié une sélection basée sur des critères tribaux et régionaux, avec une délégation uniformément "rouge" en Algérie. L'image témoigne éloquemment de cette représentation problématique

  • Elyahmed (H) 08/09/2025 08:56 X

    Au sein de nos ambassades à l'étranger, les représentants diplomatiques semblent davantage jouer un rôle commercial, représentant des marques et organisant l'acheminement de marchandises par voie aérienne ou maritime. Dans certaines ambassades, environ 95% des fonctionnaires agissent comme intermédiaires commerciaux pour divers groupes de marchands, et ceux qui ne peuvent s'adapter à cette fonction se retrouvent écartés. Ces réseaux, composés à 98% de personnes issues des mêmes communautés, régions, tribus ou familles, consacrent leur temps à voyager entre pays européens et occidentaux pour des intérêts commerciaux plutôt que diplomatiques. C'est cette réalité de la Mauritanie à l'international que nous espérons voir évoluer vers une véritable mission diplomatique.

  • abatcha (H) 08/09/2025 02:17 X

    Rien que voir cette photo, on saura que ce pays, ça ne va pas et que rien ne roule en rond

  • maham68 (H) 08/09/2025 01:37 X

    Le Mawou mouhim national s'expose en dehors du pays.

  • sahelien (H) 08/09/2025 00:05 X

    C'est reconfortant de voir un article de presse de cette qualite professionnelle, avec clarte et sombrete. Tres bien fait, messieurs/dames. Merci. Le manque de strategie commerciale est malheursement un probleme devenu presque permanent dans ce pays. Laccent est sur les annonces, les photos et rien d'autre. Pendant ce temps le Maroc conquiert des parts de marches sur tous les continents, les produits du Senegal seduisent la clientele internationale.......