24-05-2021 08:30 - Le fondement spirituel de l’esclavage - Déclaration de la Fondation Sahel

Le fondement spirituel de l’esclavage - Déclaration de la Fondation Sahel

Fondation Sahel - Un homme du nom de Mohamed Ould Aichetou Mint Hmeydi, résidant au village Beled Tayeb de la moughataa d’Aleg en Mauritanie est décédé il y a peu de temps. Il a laissé 2 épouses, une fille, 2 demi-frères du côté de la mère et quelques biens matériels.

Soucieuse de distribuer l’héritage de façon équitable, sa famille s’est adressée à l’imam de la Grande Mosquée de Nouakchott Ahmedou Ould Mrabett Ould Habibou Rahmane qui a prononcé la fatwa suivante :

- la fille aura la moitié

- Les 2 épouses se partageront le huitième

- Le défunt étant ancien esclave, le reste de l’héritage reviendra à la famille de ses anciens maîtres.

Ce jugement montre clairement la reconnaissance par l’imam de la légitimité de la pratique de l’esclavage qui a sévi dans ce pays ignorant ainsi en âme et conscience les lois criminalisant cette pratique.

Vu la position officielle de cette personne en tant qu’imam de la plus grande mosquée du pays désigné pour diriger la prière du vendredi et prononcer les « khotbas » (discours) des deux Aid d’El Fitr et d’El Adha devant le président de la République, son opinion n’est pas anodine et servira de référence et d’appui pour les esclavagistes et leurs sympathisants.

D’ores et déjà, la Fondation Sahel a entrepris les actions suivantes :

- diffusion très large de l’information sur les réseaux sociaux

- Prise de contact avec l’imam ainsi que la famille du défunt et les habitants du village pour s’assurer de la véracité des faits signalés

- Saisie de la Commission nationale des droits de l’homme dont le président nous a rendu visite et exprimé sa disponibilité pour faire le nécessaire

- Saisie du Haut Conseil de la Fatwa et des Recours Gracieux qui n’a pas réagi pour l’instant.

C’est l’occasion pour la Fondation Sahel de :

- réitérer son indignation et son refus catégorique du jugement raciste et humiliant prononcé par Ould Habibou Rahmane

- faire appel aux autorités pour rétablir les vrais héritiers dans leur droit dans la mesure où l’esclavage qui a servi de base à ce jugement est un crime contre l’humanité selon la loi fondamentale de la république.

- Demander aux forces vives du pays et à l’ensemble des citoyens de dénoncer avec force et détermination tout jugement ou fatwa de nature à légitimer la pratique actuelle ou ancienne de l’esclavage.

Nouakchott, le 21/05/2021

La Commission des droits





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Commentaires (5)

  • mystere1 (F) 26/05/2021 10:28 X

    La solution définitive à ces polémiques, c’est d’abolir, complètement les séquelles de la servitude forcée, dans ce pays, ainsi, on aura plus de polémique, et discorde sur ces cas d’hérédité de biens matériels, et autres sujets du genre, basée sur les règles religieux ! Voilà, vraiment lutter et abolir ce crime contre l’humanité dans le monde, et en particulier dans ce pays très complexe et difficile à gérer et vivre.

  • kangourou (H) 24/05/2021 15:07 X

    Le bavardage est totalement dépassé et inutile sur cette question, quant à son fondement spirituel, n'en parlons même pas. Ce qui importe maintenant, c'est de dénoncer et boycotter tout iman prononçant de telles paroles. C'est à dire, refuser catégoriquement ou appeler à refuser de prier avec de tels personnages, dans une mosquée, sur le territoire national, à plus forte raison quand il s'agit de l'iman de Nouakchott. Les propos de cet iman ont été prononcés lors de la dernière prière du ramadan, c'était une belle occasion de refuser qu'il la dirige. Il est urgent de porter plainte contre de tels propos car ils violent les lois sur l'abolition de l'esclavage considéré comme crime contre l'humanité et de poursuivre leurs auteurs devant les tribunaux.

  • moukhabarat (F) 24/05/2021 13:32 X

    La fondation ignore tout du droit musulman. L'Imam a traité les héritières comme descendants d'un homme libre c'est pourquoi elles ont hérité. Comme le défunt n'a pas de descendant mâle le reliquat va aller vers ses plus proches parents qui se trouvent être ses anciens maitres. En effet l'esclave affranchi intègre la communauté de ses anciens maitre en homme libre cette fois.

  • NDIEWO (H) 24/05/2021 12:30 X

    C’est quand même incroyable, on trouvera jamais ce type de jugement dans la communauté Kwar. Ce qui me rend mal à l’aise, c’est le comportement de tous organisations ant-esclavagistes (pseudo) ou qui luttent contre les séquelles de l’esclavage; pas de manifestation, pas de déclarations intempestives comme celles de nos immigrés en France qui n’ont pas cessé de dénigrer, invectiver ou d’insulter quand il s’agit du Guidimakha. Peut-être qu’ils ne se rendent pas compte de la gravité de ce partage d’héritage. Peut être qu’ils ne veulent pas gêner ghaswani , ils ont peur du l’iman ou des beidanes. Si un certain Diacko quittera ce monde ou tout haratine( Messaoud Boulkheir) autre ses biens iront à ses anciens maîtres; dixit l’Iman

  • hamaodo (H) 24/05/2021 11:07 X

    et alors ou est le problème? c'est l'IMAM non?