04-02-2014 07:00 - Ziarra Omarienne 2014 à Dakar: « Colloque sur la Dimension et l’Héritage d’El Hadj Omar Foutiyou Tall » - [PhotoReportage]
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Elfoutiyou - La 34ème édition de la Ziarra annuelle dédiée à El Hadj Seydou Nourou Tall et Thièrno Mountagha Tall a démarré effectivement le jeudi, 30/01/2014 dans la l’enceinte de la Mosquée El Hadj Omar Tall à Dakar.
Ce grand rendez-vous annuel religieux, regroupe, dans la piété, la grande dévotion et le recueillement (au mausolée où reposent les deux petits-fils d’El Hadj Omar), des fidèles Tidianes venus des différentes régions du Sénégal, de la Mauritanie, du Mali, de la Gambie, du Niger, du Nigeria et d’autres pays d’Afrique ainsi que de l’Europe.
Il est placée cette année sous le thème général « El Hadj Omar (1794-2014), Une grande figure de l’Islam et son héritage». L’évènement qui a rassemblé des milliers de fidèles venus de tous les coins du Sénégal et des pays de la sous-région, a démarré par un concours de lecture de coran qui a duré deux jours.
Autre temps fort de cette Ziarra, le colloque organisé le samedi 01 février 2014 au Grand Théâtre de Dakar sur « la dimension et l’héritage d’El Hadj Omar Foutiyou Tall ». Un colloque présidé par le chef de l’Etat Sénégalais, le président Macky Sall et qui a vu la participation d’éminents chercheurs et historiens ainsi que le ministre Marocain des affaires religieuses, représentant le roi Mohamed VI.
A travers cette 34e édition, on célèbre en même temps les 150 ans de la disparition d’El Hadji Oumar Foutiyou Tall (1797-1864), les 150 ans de la naissance de Thierno Seydou Nourou Tall (1864-1981) et le centenaire de la naissance de Thierno Mountaga Tall (1914-2007).
« Le Bien-fondé de la Ziarra dans l’Islam »
Dans son sermon de la prière du vendredi, l’imam ratib de la mosquée Omarienne, Thierno Saïdou Nourou Tall, est revenu sur le sens et l’intérêt de la Ziarra. Selon lui, l’évènement religieux du genre relève d’une pure tradition prophétique. Le prophète de l’islam (Psl), dit-il, faisait la Ziarra à ses parents, à ses proches et à ses compagnons.
A son avis, la Ziarra permet de raffermir les liens entre les disciples et leur rappelle qu’après la vie, il y a la mort. Aussi, a ajouté l’imam, la Ziarra doit être un grand moment de dévotion, de recueillement et de retour vers le Seigneur.
Après la prière du crépuscule, le Pr Rawane Mbaye est revenu sur la genèse de cet événement religieux et le mérite des illustres disparus qui ont œuvré durant leur vie pour la cause de l’islam. Il a aussi rappelé l’une des recommandations du prophète de l’islam (Psl) qui a invité les fidèles à se référer à deux sources lorsqu’ils ont perdu leurs repères : le Coran et à la Sunna. Thierno Nourou Cheikh Oumar Tall, au nom du khalife général de la famille Omarienne, a rendu grâce à Dieu d’avoir permis la tenue de la Ziarra.
Au nom de Thierno Bachirou Tall, il a salué le travail mené par Thierno Madani Tall pour l’organisation de la Ziarra. Le serviteur de la communauté Omarienne, Thierno Madani Tall, a, quant à lui, souhaité la bienvenue aux disciples qui se sont déplacés à la mosquée Omarienne. Il a invité les fidèles à la solidarité, à l’entraide et au respect des principes de l’islam.
200 objets de la mémoire Omarienne exposés dans le hall du « Grand Théâtre »
En marge de ce colloque, une exposition qui a reçu la visite du président Sénégalais Macky Sall a été organisée dans le hall du grand théâtre où les pèlerins peuvent découvrir pour la première fois quelques reliques du saint homme. Une dizaine environ sur les 80 répertoriés qui avaient été emportées par le général Louis Archinard après la prise de Seghou par les colons français et leurs alliés.
On retrouve alors un boubou de guerrier tué à Koundian, une espèce de corne qui sert de boite à poudre, un fusil ; un grand tambour à trois pieds qui a raisonné sans interruption deux jours durant tout au long de la bataille d’Ouosseboughou, le 25 et 26 avril 1890, retrouvé dans la citadelle et offert à Archinard par se.s alliés Bamanas après la chute de Seghou, renseigne le musée du Havre où sont conservées ces archives d’El Hadj Omar.
Des carquois, des flèches, un bonnet de guerrier, une pointe de lance, un poignard avec son fourreau, une têtière de cheval d’un cavalier d’Ahmadou et quelques manuscrits d’El Hadj Omar.
A côté de ces reliques séculaires, on retrouve aussi, la photo du lieutenant Abdoulaye Ahmadou Tall, petit fils d’El Hadj Omar capturé par Archinard à l’âge de 10 ans après la prise de Seghou et adopté par le colon en France.
Il fut le premier africain à intégrer l’académie militaire de saint-Cyr. L’histoire et l’effigie des érudits de l’Islam El Hadj Seydou Nourou Tall et de Thièrno Mountagha Tall sur des posters géants. La falaise de Bandiagara, la chambre où naquit le conquérant Omarien, quelques combattants de son armée entre autres archives.
« Ce sont des objets d’une grande valeur sentimentale, historique et pécuniaire. Puisque c’est un fond qui est garanti pour 500 euros », a précisé Mamadou Ly, président du Conseil supérieur des Sénégalais du Havre, membre de la délégation. Selon lui, d’autres objets sont dans le musée de l’armée française à Paris, au Quai Branli (musée construit par Jacques Chirac). A cela s’ajoute le fond d’El Hadji Omar Tall à la bibliothèque François Mitterrand de Paris.
Pour sa part, le directeur du musée de l’histoire naturelle du Havre, Cédic Crémière, qui a effectué le déplacement à Dakar, a indiqué que le muséum détient un fond qu’on appelle la collection Archinard dont une partie concerne la mémoire Omarienne. Il précise qu’il s’agit d’un prêt de 12 objets pour l’exposition durant la Ziarra, car ces collections sont publiques. Selon M. Crémière, la collection du général Archinard fait près de 200 objets dont le quart ou la moitié concerne la mémoire Omarienne.
Le but, dit-il, est de poursuivre le travail d’identification de l’ensemble de ces objets en vue de les valoriser. Ce sont les objets rapatriés par Thierno Mountaga Tall qui ont été exposés au Grand Théâtre. Un trésor merveilleux que la France refuse de restituer à la communauté musulmane d’Afrique. Ce qui est vraiment curieux, c’est de voir des enseignes collées à l’intérieur des vitrines où sont exposées ces reliques et où est écrit : « don du général Archinard aux musées du Havre » !
Débats de haute facture au colloque
Autre temps fort de ce colloque, le documentaire audiovisuel sur l’épopée d’El Hadj Omar Foutiyou Tall réalisé par notre confrère Mamadou Samba M’ Bow, un journaliste de la RTS.
Projeté sur un écran géant dans la salle de spectacles du grand théâtre en présence du président Sénégalais, Macky Sall et de son premier ministre Mimi Touré et du ministre de l’intérieur Abdoulaye Daouda Diallo, du Khalife général de la famille Omarienne, Thièrno Bachir Tall, de Abdel Aziz Sy Al Amin, porte-parole du Khalife général des Tidjane, de Thièrno Madani Mountagha Tall, serviteur de la famille Omarienne, ce documentaire riche a plongé l’assistance dans une profonde émotion et tristesse.
Après cette projection, les chefs religieux présents dans la salle ont ainsi que le président Sénégalais ont pris la parole pour rendre un vibrant hommage à El Hadj Omar Tall. A cette occasion, le président Sénégalais s’est engagé à participer à la restauration de certains lieux de mémoire d’El Hadj Omar comme le village de Haloir où est né le saint homme.
Il a également offert une bourse d’étude et un million de FCFA au lauréat du « prix meilleur lecteur du coran », en l’occurrence Mohamed Faza Barry. Et la mahadra où étudie Mohamed Faza Barry a elle bénéficié de 5 millions de FCFA offerts par le président Sénégalais.
Le colloque s’est poursuivi avec d’importantes communications sur la vie, le parcours et l’œuvre d’El Hadj Omar Tall. Entre autres thèmes abordés, on retiendra, « El Hadj Omar : une grande figure de l’islamisation et du nationalisme en Afrique subsaharienne au XIX siècle », « Le patrimoine de Segou », « la doctrine du Jihad et de la Hijra mystique de Cheikh Umar », « El Hadj Omar : Stratège », « Cheikh Omar Foutiyou Tall (1794-1864) : Etudes et Formation »,
« La dimension linguistique dans le recueil de SAFINA », « El Hadj Omar et son Héritage », « l’intégration politique et économique en Afrique de l’Ouest à travers l’œuvre d’El Hadj Omar », « El Hadj Seydou Nourou Tall : contribution à l’indépendance nationale et vision politique », « Présentation de l’ouvrage de Thièrno Mountagha Tall ».
Des conférences animées par d’éminents chercheurs comme le professeur Iba Der Thiam (dont l’intervention a émerveillé Macky Sall), Samba Dieng, Rawane M’Baye, Amadou Tidjane Diallo, Khassim Diakhatté, l’écrivain Cheîkh Hamidou Kane, Saliou M’Baye directeur des archives nationales du Sénégal, Thièrno Kâ professeur à l’IFAN ou Moustapha Niasse, président de l’assemblée nationale du Sénégal ou le général Mamadou Mansour Seck.