Cridem

Lancer l'impression
29-10-2025

22:46

Le président du parti AJD/MR annonce le boycott du dialogue national et dénonce la gestion politique et sociale du pays

SHEMS MAARIF - Lors d’une conférence de presse tenue ce mardi à Nouakchott, le président du Parti de l’Alliance pour la Justice et la Démocratie / Mouvement pour le Renouveau (AJD/MR), Mamadou Bocar Ba, a annoncé que son parti boycotterait le dialogue national prévu prochainement, faute de garanties suffisantes sur sa portée et ses résultats.

Le dirigeant politique a précisé que la participation de son parti reste conditionnée à la mise en place d’un minimum d’assurances quant au caractère véritablement national des questions abordées et à l’application effective des accords qui en découleraient.

Selon lui, le pouvoir n’a montré aucun signe de bonne volonté pour répondre aux conditions posées par sa formation. Il estime que certaines mesures symboliques pouvaient être prises sans délai afin de témoigner d’une réelle volonté d’apaisement du climat politique.

Mamadou Bocar Ba a accusé les autorités de continuer à aggraver les tensions en procédant à l’arrestation de militants des droits de l’homme et d’acteurs d’opinion pour leurs prises de position.

Évoquant le récent rapport de la Cour des comptes, il a affirmé que celui-ci révèle un mauvais usage des ressources publiques et une corruption généralisée au sein des institutions nationales, menaçant, selon lui, l’avenir du pays. Il a demandé que des mesures exemplaires soient prises contre tous les responsables de ces dérives, précisant que son parti suivra de près ce dossier et n’hésitera pas à y revenir.

Concernant le dossier du passif humanitaire, M. Bocar a estimé que les négociations en cours entre le gouvernement et les associations de victimes visent à clore ce dossier tout en le vidant de sa substance politique. Il a interrogé : « Quel avenir pour le dialogue annoncé dans ces conditions ? »

Il a rappelé que les victimes des événements survenus entre 1986 et 1991 discutent actuellement avec les autorités de compensations et de reconnaissance, tout en réclamant justice et équité. Pour lui, les causes profondes de ces tragédies demeurent intactes, et « tout Mauritanien doit pouvoir participer à ce débat, car il s’agit d’une question nationale ».

Le leader de l’AJD/MR a également appelé à l’instauration d’une justice transitionnelle, seule capable de traiter les causes structurelles ayant conduit aux purges ethniques qui ont fragilisé la cohésion nationale.

Il a par ailleurs mis en cause la loi d’amnistie de 1993, qu’il considère comme un obstacle à la vérité, rappelant que toute indemnisation doit être précédée par la reconnaissance des faits, l’identification des responsables et la transparence sur le processus d’exécution.

S’exprimant sur la question migratoire, Mamadou Bocar Ba a qualifié la gestion actuelle du dossier d’« catastrophique », estimant qu’elle a détérioré les relations avec les pays voisins et porté préjudice aux communautés mauritaniennes à l’étranger, notamment à travers la fermeture de commerces appartenant à des ressortissants.

Il a également dénoncé les arrestations répétées de citoyens mauritaniens à la peau noire, victimes, selon lui, de profilage ethnique, citant notamment des interpellations récentes menées par les forces de sécurité.

Enfin, il a salué l’intervention du député de Nouadhibou, Khalidou Sow, qui a permis la libération de plusieurs Mauritaniens injustement détenus après avoir été soupçonnés, à tort, d’être étrangers.





Les articles, commentaires et propos sont la propriété de leur(s) auteur(s) et n'engagent que leur avis, opinion et responsabilité


 


Toute reprise d'article ou extrait d'article devra inclure une référence www.cridem.org