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27-10-2025

08:37

Sans Détour...Des hommes de parapheurs à la tête de l’État

Orbite News 24 - "Une nation ne s’élève que lorsque ses dirigeants gouvernent avec vertu et ses citoyens exercent leur vigilance et conscience civique. Là où l’indifférence et l’inertie s’installent, la justice se fragilise, la liberté s’éteint et la nation perd son sens." (La rédaction)

La Mauritanie avance à reculons. Les gouvernements changent, les slogans se renouvellent, mais l’appareil d’État reste figé. Nos ministres ne sont plus des hommes de dossiers, mais des hommes de parapheurs — prisonniers d’une gouvernance d’apparence et d’improvisation.

La Mauritanie traverse une crise silencieuse mais profonde. L’État, qui devrait être le moteur de la nation, est paralysé par l’improvisation, le clientélisme et le mépris des méthodes. Nos ministres ne dirigent plus : ils signent, valident, inaugurent, voyagent… mais n’agissent pas. Le dossier, ce travail exigeant de lecture, d’analyse et de suivi, a disparu des bureaux ministériels. À sa place, le parapheur est devenu le symbole d’une gouvernance vide de sens.

Sidi Ould Cheikh Abdallahi, héritier de l’administration structurée de Moktar Ould Daddah, avait tenté de briser cette dérive. À son arrivée au pouvoir, il a imposé des lettres de mission à chaque ministre, réintroduisant l’obligation de résultats et la culture de responsabilité. Le ministre redevenait un véritable commis de l’État : contrôler, rendre compte, suivre les projets, corriger les erreurs et innover.

Aujourd’hui, cette tradition est oubliée. Le principe de « l’homme qu’il faut à la place qu’il faut » n’est plus qu’un slogan creux. Les nominations obéissent aux réseaux et aux alliances plus qu’à la compétence. L’obligation de résultats est absente. La redevabilité n’existe pas. La frontière entre politique et administration est complètement brouillée. Résultat : des ministères sans cap, des projets sans suite, des décisions sans effet, des institutions sans âme.

La planification, la programmation, le suivi et l’évaluation — piliers de toute action publique sérieuse — sont devenus des mots creux. On confond mouvement et efficacité, apparence et substance, annonces et réalisations. L’exécutif n’exécute plus : il obéit. Les ministres attendent les instructions, paralysés à l’idée de penser ou d’agir autrement.

Et pourtant, la Mauritanie ne manque ni de talents, ni de ressources. Ce qui lui manque, c’est la rigueur. La discipline. La foi en l’État, non comme instrument de pouvoir, mais comme bien commun.

Tant que nos ministres continueront de parapher sans lire, de voyager sans raison et de promettre sans livrer, le pays restera paralysé, suspendu entre discours et désillusion. Le réveil ne viendra ni d’un décret, ni d’un remaniement. Il viendra du jour où nos dirigeants comprendront enfin qu’on ne gouverne pas un pays avec des parapheurs, mais avec des idées, des dossiers et du courage.

Orbitenews24





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