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09-09-2025

20:33

Israël cible le Hamas au Qatar, Washington prend ses distances

FRANCE24 - Israël a lancé mardi une attaque contre les dirigeants du Hamas au Qatar, étendant encore ses opérations militaires au Moyen-Orient. Une opération qui a mis "très mal à l'aise" le président américain Donald Trump, selon les mots de la Maison Blanche, et qui a été vivement condamnée par des pays du monde arabe, mais aussi par la France, l'Allemagne et le Royaume-Uni.

L'État hébreu a frappé, mardi 9 septembre, un nouveau pays au Moyen-Orient. Israël a annoncé avoir ciblé des responsables du Hamas dans des frappes à Doha, la capitale du Qatar.

Le mouvement islamiste palestinien a rapidement assuré que les négociateurs visés avaient survécu, tout en faisant état de six morts dans l'attaque.

Alliée du Qatar et d'Israël, l'administration américaine, qui a été notifiée "par l'armée américaine", a critiqué l'attaque. Les frappes à Doha ont rendu le président Donald Trump "très mal à l'aise", même si "éliminer le Hamas" est "un but louable", a indiqué la Maison Blanche.

Le Qatar, pays médiateur dans les négociations en vue d'une trêve à Gaza, a démenti avoir été prévenu à l'avance des frappes israéliennes par les États-Unis. "L'appel d'un responsable américain a eu lieu alors que les explosions étaient entendues à Doha", ont affirmé les Affaires étrangères.

Condamnations internationales

Les pays du monde arabe ont vivement réagi, la Turquie aussi. s condamnations internationales sont venues de plusieurs pays, à commencer par le monde arabe et la Turquie.

Le président français Emmanuel Macron a déclaré que les frappes israéliennes étaient "inacceptables quel qu'en soit le motif". "La guerre ne doit en aucun cas s'étendre dans la région", a réagi le chef de l'État sur X, exprimant sa "solidarité au Qatar et à son émir, cheikh Tamim al-Thani".

Au Royaume-Uni, le Premier ministre Keir Starmer a estimé que l'attaque israélienne risquait "d'intensifier l'escalade dans toute la région". Ces frappes "violent la souveraineté du Qatar", a ajouté le dirigeant sur son compte X, renouvelant son appel pour un "cessez-le-feu immédiat, la libération des otages et un afflux d'aide massif à Gaza".

"L'attaque d'Israël sur Doha ne viole pas seulement la souveraineté territoriale du Qatar, mais elle met également en péril tous nos efforts pour obtenir la libération des otages. Cette attaque est inacceptable", a déclaré pour sa part le ministre allemand des Affaires étrangères, Johann Wadephul.

"Le Canada condamne les frappes israéliennes au Qatar, qui constituent une escalade intolérable de la violence et un affront à la souveraineté du Qatar", a déclaré sur X le Premier ministre canadien Mark Carney.

"Quels que soient leurs objectifs, ces attaques risquent fortement d'aggraver le conflit dans toute la région et compromettent directement les efforts visant à promouvoir la paix et la sécurité, à obtenir la libération de tous les otages et à instaurer un cessez-le-feu durable – efforts dans lesquels cheikh Tamim ben Hamad al-Thani joue un rôle très constructif", a ajouté Mark Carney.

"Toutes les parties doivent travailler pour permettre un cessez-le-feu permanent (à Gaza), pas pour le détruire", a dit le patron de l'ONU, Antonio Guterres.

"Opportunité opérationnelle"

Depuis le début de la guerre dans la bande de Gaza, déclenchée par une attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, Israël a tué plusieurs chefs et hauts responsables du mouvement dans le territoire palestinien, en Iran et au Liban.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a déclaré avoir ordonné les frappes après un attentat, revendiqué par le Hamas, qui a fait six morts lundi à Jérusalem-Est.

Benjamin Netanyahu "a donné instruction à toutes les agences de sécurité de se préparer à la possibilité de cibler les dirigeants du Hamas. Aujourd'hui, en raison d'une opportunité opérationnelle (...), lui et le ministre de la Défense (Israël Katz) ont décidé de mettre en œuvre la directive", indique un communiqué.

"L'armée et le service de sécurité intérieure (Shin Bet) ont mené une frappe ciblée contre les membres de la direction de l'organisation terroriste Hamas", selon un communiqué militaire. Capture d'écran tirée d'une vidéo de l'AFPTV montrant de la fumée qui s'élève après des explosions à Doha, la capitale du Qatar, le 9 septembre 2025.

Un responsable du Hamas ayant requis l'anonymat a affirmé que l'attaque avait "ciblé une réunion des négociateurs du Hamas à Doha, où ils discutaient de la proposition du président Trump pour un cessez-le-feu à Gaza".

Ni le gouvernement Netanyahu, ni l'armée israélienne n'ont mentionné le sort des responsables du Hamas visés. Mais le mouvement palestinien a affirmé que "l'ennemi n'avait pas réussi à assassiner les membres de la délégation en charge des négociations".

Il a néanmoins, dans un communiqué, fait état de six morts dans l'attaque : le fils du négociateur en chef du Hamas Khalil al-Hayya, le chef de son bureau et trois gardes du corps, ainsi qu'un policier qatari.

"Le fait de prendre pour cible les négociateurs au moment même où ils discutent de la dernière proposition de Trump confirme que Netanyahu et son gouvernement ne souhaitent parvenir à aucun accord et cherchent délibérément à faire échouer les efforts internationaux, sans se soucier de la vie de leurs prisonniers (otages, NDLR)", a affirmé le Hamas.

Le groupe palestinien a réitéré ses exigences en vue d'un cessez-le-feu : "l'arrêt immédiat des agressions contre notre peuple, le retrait complet de l'armée d'occupation (israélienne) de la bande de Gaza, un véritable échange de prisonniers (otages contre prisonniers palestiniens)" et l'augmentation de l'aide humanitaire.

Des demandes rejetées par Israël, qui veut détruire le Hamas, le chasser de Gaza et prendre le contrôle sécuritaire de l'ensemble du territoire palestinien.

Après les frappes, Benjamin Netanyahu a affirmé : "Israël a accepté les principes, la proposition avancée par le président Trump pour mettre fin à la guerre, à commencer par la libération immédiate de tous nos otages. Si la proposition est acceptée (par le Hamas), la guerre peut prendre fin immédiatement."

Donald Trump a indiqué dimanche avoir adressé un "dernier avertissement" au Hamas pour un retour des otages. "Les Israéliens ont accepté mes conditions. Il est temps pour le Hamas d'accepter également. J'ai averti le Hamas des conséquences en cas de refus", a-t-il dit.

Les détails de ce plan n'ont pas été annoncés officiellement.

Le Forum des familles d'otages a dit, lui, son "inquiétude" pour les captifs retenus à Gaza après les frappes à Doha.

Avec AFP





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