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Ne les oublions pas : Mohamed Ould M’Seika ..entre mythe et réalité
 
						
						
						
					
Adrar-Info - Mohamed Ould M’Seika est né au début du siècle dernier dans les environs de Mederdra . Il a intégré dés le  début de sa carrière, la société  Française chargée du bitumage  de la route  qui relie Rosso q Nouqkchott.
Le jeune ambitieux est recruté dans  la société “Samba Atali” comme ouvrier “manœuvre”. Il travailla avec  détermination et dévouement   , aidé en cela par sa forte structure  physique et son courage. Il s’attendait à un encouragement et promotion mais les colons Français ont déçu ses espoirs, profitant de sa force physique, son enthousiasme et son énergie.
 Ils augmentaient à chaque fois  les charges  du travail sans payer de droits ni privilèges en échange. Plus encore, ils obligeaient  les populations locales aux travaux de creusement  et remblayage sans contrepartie. Les goumiers  mauritaniens auxiliaires des Français forçaient les gens à travailler et utilisaient tous les moyens d’oppression sur eux  pour prouver leur loyauté envers les Français. 
 
					
					
						
											
						
Les populations avaient peur pour leurs enfants qu’ils  cachaient mais si les goumiers les découvraient, elles sont l’objet de  harcèlement et torture. Ould M’Seika  goutait donc  à l’amertume, le mépris  et l’injustice. Il assistait aux tortures de ses congénères. Sa poitrine s’était remplie de haine et d’indignation contre  les Français et leurs partisans, les goumiers. Il décida de les combattre et d’être à leur affut où qu’ils passaient.
Ould M’Seika était solide physiquement, courageux, intrépide et disposait d’une capacité extraordinaire de se dissimuler des yeux de ses ennemis .Il aimait les personnes faibles et soutenait les nécessiteux en dépit de ses moyens limités. Ces derniers lui vouaient sympathie et attachement.
Ould M’Seika attaqua plusieurs fois les Français qu’il  dépossédait  de leurs ’armes et biens.  Il menait ses opérations et déplacements  dans un triangle de parcours  situé entre : Trarza-Brakna-Gorgol. Des environs de Nouakchott, Tiguint, Rosso,Mederdra,  Boutilimit passant par  Aleg, Dibangou, Boghe, Lekhreiza, Akane  jusqu’à Guim, Monguel, Chegar et Magta Lehjar. Il exécutait des opérations à l’Est d’une région  et le lendemain il exécutait  une autre à l’Ouest . Il aimait les soirées  musicales populaires et était lui-même un grand « Meddah » (chanteur éloges du prophète).
Une fois, il organisait  une soirée en l’honneur du griot «  Le3war ». Les goumiers (qui le cherchaient)  ne l’ont pas reconnu.  A la fin de la soirée, Ould M’Seika prit son arme et tira sur les goumiers. Le griot « Le3war » en eut tellement peur.
Les attaques d’Ould M’ Seika contre les Français et leurs supplétifs s’intensifièrent. Ces derniers décidèrent de recruter un détective privé Sénégalais répondant au nom de Moussa Baidy qui  déclara que l’arrestation, par lui , de Oul d M’Seika n’est qu’une question d’heures.
Un jour Baidy est informé qu’Ould M’ Seika se trouverait  chez une famille de Boutilimit qu’il fréquente régulièrement et auprès de laquelle il s’approvisionne sous le sceau de la discrétion. Moussa se précipita en direction de cette famille. En cours de route, il se trouva face à face avec Ould M’Seika qui lui demanda « cherches-tu Ould M’ Seika ? ». 
Baidy répondit par l’affirmative. « Suis-moi, derrière cette dune, je vais te le montrer ». Une fois derrière le monticule Ould M’Seika le déposséda de son arme, le déshabilla, ligota ses mains et s’appropria son chameau. Si bien qu’a  leur sortie  les gens de Boutilimit perçurent en plein jour, Moussa Baidy descendre la dune, nu et mains  ligotées.
Un jour,   Ould M’Seika est  arrêté et amené sous bonne garde à Aleg devant le commandant français du poste. Au cours de la discussion entre eux , via un interprète, le commandant dit à l’intention de Ould M’Seika  : «  Sais tu que tu seras dans cette prison , que tu y resteras jusqu’à ton procès et  sais tu qu’en automne à Aleg,  les chaleurs sont torrides avec une forte humidité  et trop de moustiques ? ».
Ould M’Sika sourit et lui répondit par sa phrase devenue célèbre : «  Dites cela à celui  qui va passer l’automne ici ». La même nuit il défonça les portes de la prison et s’en alla.
Par la suite, les Français proposèrent  une récompense à quiconque contribuera à l’arrestation de Ould M’Seika . Ils ont augmenté ce prix plusieurs fois mais l’homme reste insaisissable grâce, d’une part   à son habileté, sa ruse, ses  masquages  et  d’autre  part  au soutien et grande sympathie que lui voue  la population. Seulement, chaque chose a un aboutissement. La cupidité  et l’amour de l’argent devant lesquels ne peuvent résister  les âmes finirent par achever l’épopée   Ould M’Seika
Un jour, alors qu’il  préparait comme à son habitude le thé sous un arbre dans la Wilaya du Brakna , prés de Lekhreiza , il vit venir  vers lui deux hommes. Il empoigna son fusil et prit position. Quand ils se rapprochèrent, il reconnut en eux deux anciens amis de   Boutilimit. Ils échangèrent avec lui les salutations d’usage et entamèrent  discussion : « Attetion , je n’ai confiance en personne» dit-il. Les deux visiteurs répondirent : «  Comment ne pas avoir confiance en tes amis Sam et Abdatt ».
 Ould M’Seika accepta de les recevoir, après lui avoir juré par Allah qu’ils n’informeraient personne. Il  les accueillit, comme à son habitude avec  hospitalité, accrocha son arme, un fusil « Khoumassiya » à l’arbre  et se mit à préparer un méchoui de viande  à leur intention.
Entretemps, Abdatt se souvint  de la grosse récompense proposée par les colons Français  qui attendait un acquéreur. Il échangea un regard complice avec Sam, au moment où Ould M’Seika se trouvait à quelques mètres  loin d’eux.
 Puis il décrocha le fusil de l’arbre et le braqua sur son hôte qu’il tua  malgré le pacte convenu.  Les deux traitres coupèrent la tête du martyr Ould M’Seika   et la portèrent au Commandant  d’Aleg, certains qu’ils obtiendraient la recompense promise.
Malheur à eux, le Commandant ne put retenir sa colère. Il était très furieux et ordonna d’emprisonner les deux tueurs, leur criant : «  Je le voulais vivant parce qu’il est demandé à Paris. Si nous le voulions mort, nous l’aurions tué et pris la recompense mais nous étions conscients  de la difficulté de son arrestation ».
Juste après cette mort,  le pays fut frappé par  un violent et terrible  vent  « harmattan » . Les populations autochtones   appelèrent cette année : «  3am Irivi Ould M’Seika »  (année de l’harmattan O.M’Seika) correspondant a 1950 du calendrier gregorien.
Le héro Mohamed Ould M’Seika a été enterré à Aleg , loin de sa ville natale Mederdra.
Après sa mort l’un de ses amis aurait rêvé qu’il l’a entendu  psalmodier le quatrain poétique suivant  (traduction mot a mot) :
«  Dis à Sam    et dis à  Abdatt… (كول إلسام أكول إلعبدات  )
Et a ceux qui m’ont  pris les mains (والقوم إلليّ كبظو بيدي )
Que le jour d’ici bas  est passé (عن يوم الدني راه فات )
Mais Je les verrai le jour du rendez vous   (نلكاهم يوم الوعيــد )»
Mohamed Vadel Ould El Hassen
Source :  http://mederdra.net  ( traduit par Adrar.info )
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