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Profanation du Saint Coran : Le film des événements (Dimanche à lundi)
Le Rénovateur Quotidien - Plusieurs manifestations ont été organisées hier lundi en Mauritanie, principalement à Nouakchott, suite, à l’acte de profanation du Saint Coran commis la veille dans la soirée du dimanche 02 mars courant, par 4 inconnus enturbannés, dans la mosquée Khaleb Ibn El Walid dans la moughataa de Teyarett, au Nord de Nouakchott, quelques minutes avant la prière d’El Isha. Ci-après le film des événements :
02 mars à 20h 20 : Quatre personnes non identifiées, portant toutes des turbans et à bord d'un véhicule 4X4, sont entrées dans la mosquée de Teyarett pour en retirer quatre exemplaires du Coran (deux selon la version officielle), qu'elles ont ensuite déchirés.
22h : Alerte, la police informe le Procureur de la République qui effectue une visite immédiate du lieu de l'outrage en perspective de l'ouverture de l'instruction pour cerner les contours du sacrilège.
Malheureusement, les premiers témoignages sur le lieu de l'incident n'apportent pas d'éléments suffisants à l'enquête permettant de pister très vite les profanateurs en vue de leur arrestation rapide avant de profiter de la nuit pour rendre pénibles les chances de leur interpellation et de leur identification.
L’incident non encore portée à la connaissance de tous les nouakchottois, déjà pour leur majorité enfermés chez eux à cause du froid glacial et de la peur des criminels passés seigneurs de la ville une fois la nuit tombée, n’a suscité jusque là que des manifestations limitées à Teyarett.
Mais les appels téléphoniques aidant, tout ce préparait pour annoncer un lendemain effervescent avec des marches monstres que les services de maintien de l’ordre avaient trouvé d’énormes difficultés de freiner dans leur progression. En effet, plusieurs quartiers de Nouakchott avaient été le théâtre d'émeutes depuis que la confirmation de l’acte de profanation pris d’abord comme une rumeur avant d’être rapportée à l’opinion stupéfiée par plusieurs sources concordantes.
03 mars 8h : Plusieurs centaines de personnes organisent une marche spontanée les ayant conduites du quartier de Teyarett, dans le nord de la capitale, à la présidence de la République. Les forces de l'ordre ont fait usage de bombes lacrymogènes pour disperser les manifestants qui criaient "Allahou Akbar" (Dieu est grand) ou "Mort aux profanateurs criminels". Un nombre indéterminé d'entre eux ont été blessés ou arrêtés, selon des sources concordantes.
12h : Un jeune répondant au nom d’Ahmed Ould Hamoud, étudiant à l’université décède au CHN suite à son évacuation après s’être évanoui, probablement par asphyxie . Plusieurs personnes sont blessées lors de ces manifestations alors que d’autres ont été arrêtées.
13h : Le déclenchement des soubresauts sociaux avec la profanation du Coran a conduit à la fermeture de plusieurs commerces et banques. Malgré la baisse en intensité des affrontements entre manifestants et la police, devenus sporadiques, des mesures semblent avoir été prises pour pallier la tentation d’infiltration de groupes de malfrats tentés de profiter de la situation pour commettre des vols.
Plusieurs marchés de la capitale Nouakchott ont été donc fermés, lundi, suite à ces manifestations au niveau des marchés de la Capitale, de la Polyclinique, et Point chaud.
14h : Le ministre de la communication et des relations avec le parlement Me Sidi Mohamed Ould Maham a appelé au calme et au retour des jeunes manifestants à leurs établissements et lieu de travail et à laisser aux autorités compétentes le soin d' accomplir leur travail.
Le ministre a indiqué que les Pouvoirs Publics assumeront leur responsabilité entière dans la garantie de la sécurité et le traitement de cette question avec fermeté et sincérité mettant en garde contre l'instrumentalisation de cet incident par des personnes malveillantes.
Il a indiqué que sur instruction ferme du Président de la République Monsieur Mohamed Ould Abdel Aziz, l'Etat oeuvrera à assurer la protection des symboles sacrés et ne sera pas tolérant par rapport à cette question au moment où il s'active pour assurer l'ordre et la sécurité des biens et des personnes.
Répondant à une question relative au décès d'un manifestant au cours des marches de protestation, le ministre de la communication a précisé que cet étudiant n'a pas été tué par balle, que le Centre Hospitalier National a reçu la dépouille de l'un des jeunes dont le corps ne présente pas de traces de bombes lacrymogènes, actuellement soumis à l'autopsie par le médecin légiste pour déterminer les mobiles de cette mort, précisant que les personnes impliquées dans ce décès seront punies.
Il a insisté par ailleurs sur la nécessité pour les médias de traiter ce sujet avec objectivité et professionnalisme, insistant sur la nécessité du respect des sentiments des citoyens.
14h 15 : le ministre des affaires islamiques et de l'enseignement originel rappelle dans un point de presse la nécessité d'aller de la foi dans l'entreprise de tout acte ou mouvement, soulignant, dans ce cadre, que la profanation du Saint Coran est une apostasie qui requiert l'application de la Charia à l'encontre de son auteur.
16h : Des ressortissants de plusieurs pays occidentaux présents à Nouakchott ont été invités par leurs ambassades respectives pour rester chez eux en attendant que les événements survenus à la suite de la profanation du Livre Saint se tassent. Certaines ambassades auraient dans ce cadre notamment déconseillé à leurs ressortissants de sortir de nuit, apprend-on de même source, les invitant à redoubler de vigilance.
18h : Les parents de la victime ont contesté le rapport de constat fait, conjointement, par le procureur de la république et le médecin légiste, mettant en cause sa crédibilité. Ils refusent de recevoir ou enterrer la dépouille de leur fils avant de recevoir un rapport impartial et crédible sur les circonstances de la mort de leur fils.
19h : Selon des sources, le nombre de blessés, lors des manifestations de ce lundi suite au sacrilège commis contre le Saint Coran, a atteint 15 cas de différentes gravités. La même source a ajouté que l’équipe médicale en service aux urgences a effectué lundi une opération à un jeune, victime de fracture à la jambe, ajoutant que d’autres personnes évacuées souffraient d’étouffement.
20h : Le RFD réagit à l’acte de profanation du Saint Coran qu’il condamne énergiquement, précisant qu’il dépasse toutes les limites, saluant ce qu’il a appelé « le sursaut populaire visant à défendre le plus sacré parmi les fondements sacro-saints de notre Oumma, à savoir le Saint Coran ».
Le parti a par ailleurs condamné avec fermeté « la répression et le harcèlement de manifestants pacifiques par le pouvoir » présentant enfin ses condoléances à la famille du citoyen décédé souhaitant aussi un prompt rétablissement aux blessés.
Des dizaines de proches des personnes atteintes, ainsi que la famille du jeune homme mort dans ces incidents se sont rassemblés devant l’hôpital national pour s’enquérir de leurs nouvelles.
D'après des médias locaux, d'autres manifestations ont également été organisées lundi dans l'intérieur du pays, dans des villes comme Nouadhibou, Kiffa et Aioun (Sud-Est) où des interpellations auraient également eu lieu.
Notons par ailleurs que cet incident survient après un événement semblable à Zouerate (extrême-Nord) où début février, un malade mental présumé avait uriné sur un exemplaire du Coran. L'auteur présumé de cet acte avait ensuite été envoyé à Nouakchott pour des examens psychiatriques.
Auparavant, de nombreux Mauritaniens avaient exprimé leur colère après la publication début janvier d'un article jugé blasphématoire contre le prophète Mahomet et dont l'auteur, en jugement à Nouadhibou (Nord-Ouest), risque la peine de mort. La charia est en vigueur en République islamique de Mauritanie, mais les condamnations extrêmes comme les peines de mort et de flagellations ne sont plus appliquées depuis les années 1980.
Amadou Diaara avec Agences