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Meeting à l’Université de Nouakchott : Quand le SNEM défie le système - [PhotoReportage]
Le syndicat National des Etudiants de Mauritanie (SNEM) a organisé mercredi 18 décembre 2013 un meeting de protestation à la Faculté des Sciences et Techniques (FST).
« Les problèmes sociopolitiques et économiques sont des problèmes auxquels nos ainés ont été confrontés à la sortie de l’Université; des problèmes auxquels nous serons confrontés aussi, notamment la discrimination, l’injustice et le racisme » dixit le Secrétaire Générale du SNEM, Boubou Thiam.
Selon lui « A l’université de Nouakchott, les secrétaires généraux des facultés, les doyens des facultés, les chefs de département, les chefs de service de scolarité, les présidents de l’Université, et à un plus haut niveau, les ministres de l’enseignement supérieur, de la communication, des affaires étrangères, de la justice et les premiers ministres sont tous d’une seule communauté ».
Et de se demander si les négro-mauritaniens ne disposent pas aussi de compétence pour être promus.
L’intervenant devait souligner : « les négro-mauritaniens sont constamment rejetés dans les concours nationaux, donnant l’exemple de l’école militaire de sebkha où « les têtes noires sont peu nombreuses ».
Il a par la suite regretté l’état de l’éducation, l’école qui n’arrive plus à atteindre ses objectifs, fabriquée, construite selon des calculs politiciens, basée sur l’exclusion de toute une frange de la population mauritanienne, dominée politiquement, intellectuellement et économiquement.
Le Secrétaire Général du SNEM remarquera en substance que la plupart des jeunes ne connaissent même pas l’histoire de la Mauritanie. « On nous dit que c’est Sidi Ould Moulay Zein qui a tué Coppolani mais ce n’est pas ça l’histoire de la Mauritanie »contestera-t-il
Ainsi, selon lui, l’histoire de Fouta, de ses villes et de ses hommes ont été rayées dans la conscience nationale, tous les amphis de l’Université ne portant que les nommés comme Atar, Tidjikdja… « On ne voit ni salle Boghé, ni salle Kaédi, ni salle Sélibabi » s’est –il insurgé.
Pour les étudiants négro-mauritaniens, leur communauté est aujourd’hui marginalisée dans son pays, et qu’ils ont peur « de cette domination politique, économique et culturelle » qu’ils subissent.
Evoquant la situation des francophones à l’Université, il dira qu’ils sont années après années exclus du système d’enseignement, soulignant que « la faculté des lettres et des sciences humaines et la faculté des sciences juridiques et économiques sont en train d’être arabisés». Pour lui, « On va produire d’ici deux ans des négres arabes, c’est ça que nous nous contestons ».
Parlant de l’enseignement public, le SG du SNEM remarquera que les Mauritaniens, toutes tendances confondues « n’ont pas confiance à cette école », ajoutant qu’aucun responsable de l’Etat n’y envoie ses enfants. Ils les envoient plutôt dans de grandes écoles à l’étranger, en Angleterre, en France, aux Etats Unis et ils soumettent le reste de la plèbe à l’arabisation forcée, fera remarquer Boubou Thiam.
S’adressant à ses camarades étudiants, il lancera : « les sit-in et les négociations n’ont rien donné, il nous reste qu’à décréter une grève générale illimité pour nous faire entendre ». Selon lui, « Nous sommes en face d’une autorité qui n’entend que la pression de la rue».
Il a regretté l’absentéisme du corps enseignant pour les élections, soulignant que les cours ont débuté tardivement et les étudiants en Lettres et en Economie sont soumis à des contrôles contenus alors que le système LMD exige que 60% d’heures soient épuisées pour faire un contrôle contenue normal ». Les étudiants ont ainsi déploré la qualité de l’enseignement dispensé et l’absence chronique des professeurs chargés des travaux dirigés
Sur l’objectif du meeting, Boubou Thiam a déclaré : « Nous avons organisé ce meeting de protestation parce que nous constatons qu’on ne nous écoute pas… avons rédigé un rapport avec tous nos problèmes ; nous avons rencontré les autorités de l’Université et le ministre de l’enseignement supérieur, jusqu’à présent rien n’a été fait malgré les promesses » a-t-il ajouté.
Pour lui, les mêmes problèmes reviennent chaque année, notant que la Licence est passée de 3ans à 4 voire 6ans. « Nous sommes fatigués d’entendre les mêmes discours, comme quoi nous sommes dans un pays sous développé et que ce même problème concerne tous les pays de la sous régions ». Parmi les doléances la disponibilité de liquidités dans les caisses de l’Université, la mise à disposition de logiciel de gestion du système intégré, tout matériel et financement qui pénalisent selon les étudiants leurs cursus.
Cheikh Oumar NDiaye





