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'A l’heure de la rupture' chez Fatimata Ndiaye à Tévragh-Zéina [PhotoReportage]
Fatimata Ndiaye fait partie de ces braves femmes pauvres qui ne s’endorment pas sur leurs lauriers. Lorsque l’on met les pieds dans la maison où elle vit et située, à Tévragh-Zéina, derrière Mauricom, on croirait tomber sur une femme aisée jusqu’à la moelle des os. Or, en réalité, cette femme d’une cinquantaine d’années essaie de donner tous les jours un sens à sa vie et à celle de ses quatre garçons.
Fatimata Ndiaye emploie tous les moyens pour les nourrir : vendre des cacahuètes, des fruits et des cigarettes, garder des maisons ou encore faire la lessive dans les grandes familles riches de Tévragh-Zéina pour avoir des sous.
Il y’a quatre ans, cette femme occupait une baraque dans une maison en construction à Tévragh-Zéina. Après son départ de là, une personne pour qui elle fait la lessive lui a donné gratuitement deux chambres dans l’une de ses maisons inoccupées. Et grâce à Mauricom, la petite famille s’offre le luxe d’avoir gratuitement de l’électricité et de regarder la télévision.
C’est dans cette maison-là qu’elle élève toute seule ses enfants en l’absence de son mari. Celui-ci, qui est retourné à son village Koundel, a été frappé par une paralysie cérébrale, il y’a de cela presque deux ans. A cette époque, Fatimata Ndiaye avait tapé en vain à la porte du Commissariat aux droits de l’homme, aux relations avec la société civile et à l’action humanitaire pour que l’on prenne en charge son mari.
Il y’a deux jours, elle était encore retournée là-bas dans l’espoir d’avoir une requête à son dossier qu’elle avait déposé. Mais, à chaque fois qu’elle pointe le nez, c’est toujours le même refrain qui lui est servi : "Le responsable qui s’occupe de ça n’est pas encore là!"
Mais, en bonne musulmane, Fatimata Ndiaye a encore la force d’y croire, qu’un jour son mari marcherait. Tout comme, elle espère récupérer son terrain situé au Secteur 6 Extension à Arafat. Fatimata Ndiaye explique qu’avec ses économies de vendeuse de poisson au marché du Ve arrondissement, elle avait réussi à s’acheter ce terrain.
Mais, sa surprise fut grande, lorsqu’un bon jour, elle découvre que quelqu’un avait déjà commencé à y construire une maison. Elle affirme sans grande diplomatie qu’elle éprouve un sentiment de profonde injustice en pensant à son terrain qu’elle avait acheté à la sueur de son front.
Ses interminables va-et-vient à la Wilaya de Nouakchott, à la préfecture d’Arafat ou encore à la police l’auront davantage jeté dans les bras du désespoir. Seule, Fatimata Ndiaye continue à refuser de se faire ensevelir dans la pauvreté. Demain encore, elle devra se réveiller très tôt avec l’espoir que la vie change pour elle.
Babacar Baye Ndiaye








