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'A l’heure de la rupture' chez Vatimétou Cheikh H’mar aux kebbas Marbatt avec Kadiata Malick Diallo [PhotoReportage]
Difficile vie que celle que mène Vatimétou Cheikh H’mar dans les kebbas Marbatt d’El Mina. Divorcée et mère de six enfants, cette jeune femme frêle de 39 ans tire le diable par la queue sans trompettes ni tambours. Depuis que son mari l’a abandonnée, Vatimétou Cheikh H’mar est écartelée par l’extrême dénuement.
Cette famille loge sous un toit peu enviable. Assise sur une natte, la pauvre femme tente de noyer son chagrin dans le regard de ses petits enfants qui s’offrent joyeusement un bain. Les toilettes sont décorées à l’aide de sacs de riz pour se cacher des vues curieuses.
Vatimétou Cheikh H’mar explique que pour se soulager, ils partent à la recherche d’endroits, loin des regards indiscrets. Depuis trois mois, cette famille a trouvé refuge sur cette parcelle de terre derrière le Collège d’El Mina 3. L’environnement provoque des pensées ambigües.
Ce soir, à l’heure de la rupture, la famille va se contenter comme tous les jours de dattes qui donnent un arrière-gout dans la bouche, de la bouillie et du zrig. Rien de plus, sauf peut-être des prières pour que demain soit un autre jour moins accablant.
"Cela fait très mal. C’est vraiment terrible comme image", confesse, la gorge serrée, l’élue du peuple, Kadiata Malick Diallo, qui a chaleureusement accepté de nous accompagner chez la famille de Vatimétou Cheikh H’mar, afin de partager avec elle l’heure de la rupture.
"Franchement, je n’arrive plus à trouver les mots. Je savais que la pauvreté existait en Mauritanie. Je le sais, mais je me dis qu’à ce stade, ça fait très mal au cœur. C’est une famille qui ne peut plus vivre. C’est visible-là. Là, je suis très émue. J’en connais qui sont pauvres, qui sont misérables. A voir cette famille qui n’est qu’un échantillon, ça me ronge le cœur", commente Kadiata Malick Diallo.
Après avoir confessé son choc émotionnel, elle explique que ce qu’elle a vu la renforçait davantage dans sa conviction que "ceux qui sont au niveau du pouvoir se jouent franchement du pays et du peuple".
"On voit le contraste qu’il y’a. Ce contraste est inimaginable. C’est inhumain. On ne peut pas considérer qu’on peut trouver cet écart entre les citoyens. On ne peut pas accepter que les plus nantis continuent à accumuler des fortunes sur le dos des citoyens, sur le dos de tout le monde alors qu’à côté d’eux, il y’a cette extrême pauvreté. C’est inhumain", conclut-elle.
Certainement, sans ce détour chez cette famille, Kadiata Malick Diallo n’aurait pas eu de telles pensées, en réalisant de visu que le manque d'accès à l’assainissement, à la nourriture et à l'eau potable demeuraient un luxe pour la famille de Vatimétou Cheikh H’mar.
Babacar Baye Ndiaye





































