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Ambiance hautement religieuse du Ramadan en Mauritanie
Nouakchott, capitale de la Mauritanie. En cette fin de soirée de ce dimanche 14 juillet, la circulation est à son pic, comme de coutume. Les rigueurs du ramadan n’entament en rien l’ardeur des automobilistes qui se livrent à une course frénétique pour gagner leurs domiciles, avant l’heure de la rupture du jeûne.
En Mauritanie, la totalité de la population (3,4 millions de personnes) est musulmane. D'où l'intérêt réel noté chez les musulmans qui perçoivent le Ramadan comme une occasion à ne pas rater pour amasser le maximum de hassanatt (récompenses divines) à travers, outre le jeûne en soi, les prières, les aumônes et autres actes de charité, les échanges de visites entre proches, etc.
« Pour moi, le jeûne du Ramadan n'est pas discutable dans la mesure où c'est l'un des 5 piliers de l'Islam ; c'est donc un devoir absolu pour tout musulman adulte et en bonne santé », déclare Sid'ahmed Ould Maaloum, la quarantaine révolue.
Même quand je suis malade et incapable de jeûner, je feins de le faire pour m'épargner les « regards méprisants » des amis et des membres de la famille, ajoute Ould Maaloum, rencontré par APA à l'entrée d'une mosquée à Nouakchott.
Il admet néanmoins la difficulté de s'adapter, du jour au lendemain, à ce mois béni où la journée s'étale actuellement sur 15 heures et où la nuit est exclusivement occupée par la rupture et la prière des Tarawih (prières surérogatoires).
En effet, la rupture du jeûne peut prendre un temps plus ou moins long selon les menus servis, notamment avec l'irremplaçable thé mauritanien dont une seule séance est composée de trois verres bien espacés.
Quant à la prière des Tarawih, accomplie juste après celle d'Al Icha (aux environs de 21H), elle varie entre 11 et 13 rakaas (éléments) et peut durer jusqu'à une heure de temps en moyenne.
C'est dire que l'ambiance du Ramadan, festive dans d'autres pays islamiques, est plutôt religieuse en Mauritanie. Ce caractère redouble d'intensité pendant les 10 dernières nuits du mois, et plus particulièrement les impairs (21, 23, 25, 27 et 29 nuits) où il faut rechercher la nuit d'Al-Ghadr (destin), meilleure en valeur que 1.000 nuits ordinaires, comme stipulé dans le Coran.
En dépit de l'humilité et de la quiétude divine ressentie pendant le Ramadan, les Mauritaniens endurent souvent un niveau de cherté des produits de consommation inégalé.
Une hausse vertigineuse des prix est enregistrée chaque année pour les denrées les plus utilisées dans les plats de la rupture, tels les légumes, le sucre, l'huile, le lait en poudre et le riz.
« Le kilogramme de pommes de terre est passé de 280 (0,97 dollar) à 350 ouguiya (1,21 dollar), celui des carottes de 300 (1,04 dollar) à 400 ouguiya (1,39 dollar) tandis que les tomates se vendent à 300 ouguiyas (1,04 dollar) le kilogramme contre 260 (0,9 dollar) auparavant », s'indigne Aminata Sow.
Tous ces produits sont nécessaires pour les plats du Ramadan, surtout pour la soupe et le thiéboudjen (riz au poisson), renchérit Mme Sow, mère de famille de 35 ans interrogée par APA à la sortie du marché de la mosquée du Maroc, à Nouakchott.
La soupe et les dattes sont omniprésentes dans la quasi-totalité des menus de rupture de jeûne en Mauritanie.
Les autres composants de ce menu varient selon l'aisance du ménage et son identité socioculturelle. Ainsi, le café et le jus de Bissap sont très usités chez les communautés négro-africaines alors que les arabo-berbères penchent plutôt pour le thé et le Zrik, un mélange de lait, d'eau et de sucre.
Le début du ramadan en Mauritanie coïncide aussi avec une flambée des prix Le sac de sucre est passé de 10.800 (37,5 dollars) à 11.000 ouguiyas (38,24 dollars).
Le sac de riz qui coutait 12.300 ouguiyas (42,7 dollars) se négocie désormais à 12.500 ouguiyas (43,4 dollars) alors que le kilogramme de lait en poudre est passé de 1.400 (4,86 dollars) à 1.800 ouguiyas (6,25 dollars).
Néanmoins, une partie de la population bénéficie de rations alimentaires concédées à des prix réduits par les boutiques Tadamoun (solidarité) mises en place par le gouvernement au profit des ménages défavorisés.
Une autre spécialité culinaire, le tajine, à base de viande de mouton, de poulet ou de poisson, constitue généralement le plat de subsistance principal, servi souvent après la prière des Tarawih.
Le menu de la nuit du Ramadan est clos juste avant le lever du jour par le Souhour, souvent de l'eau ou une boisson légère, hautement recommandée à cette heure-ci par les préceptes de l'Islam.
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