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Mauritanie: Un évêque parmi les musulmans
Un évêque dans une République islamique africaine… Une réalité plutôt surprenante en Mauritanie, où Monseigneur Martin Happe, 68 ans, assume l’animation pastorale du diocèse de Nouakchott, la capitale, depuis 1995.
«Mais la mission de l’Eglise n’est-elle pas de rendre visible l’amour de Dieu pour tous ?», interroge-t-il, en souriant. Car sur une population de 3,3 millions, le pays ne compterait que 4 000 catholiques, huit prêtres, ainsi qu’une trentaine de religieuses.
Dans ce contexte, la mission de Monseigneur Martin Happe porte bien moins sur l’évangélisation que sur l’action sociale… D’autant que 42% de la population mauritanienne vit en dessous du seuil de pauvreté avec un revenu inférieur à 1 dollar par jour.
«A mon ordination épiscopale, j’ai promis d’avoir une attention particulière pour les plus démunis, j’essaye de tenir parole», confie-t-il. Membre de plein droit du conseil d’administration de Caritas (Secours catholique), seule ONG confessionnelle non musulmane reconnue par les autorités mauritaniennes, l’évêque participe à ses décisions stratégiques.
Et grâce à son réseau relationnel aux quatre coins du globe, il parvient à mobiliser des partenaires financiers qui lui permettent d’aider à la scolarisation des enfants mauritaniens, de créer un foyer pour personnes handicapées….
Auprès de la population
Mais hors de question de rester enfermer chez lui, l’évêque part souvent sur les routes à la rencontre de la population et connaît le pays comme sa poche. Et peu importent les mises en garde diplomatiques concernant ses déplacements, Mgr Martin Happe refuse de penser à sa sécurité: «Certains pensent que je pourrais être kidnappé, mais je ne pourrais pas jouer mon rôle si je restais chez moi.
Peut-être suis-je naïf, mais je n’ai pas peur», affirme-t-il. D’ailleurs, l’évêque explique n’avoir jamais ressenti «aucune hostilité de la part des musulmans, seulement une grande méconnaissance de la chrétienté» et continue à prôner le dialogue interculturel partout où il va.
Et après avoir passé plus de vingt ans au Mali et dix-huit ans en Mauritanie, Monseigneur Martine Happe, paraît se sentir davantage citoyen du monde, qu’allemand. Il ne s’imagine d’ailleurs pas rentrer un jour en Europe «Qu’y ferai-je ?», interroge-t-il.
Envoyée spéciale à Nouakchott, Delphine Bancaud
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