17:56
Les protégés du prophète : Ces Compagnons venus d'ailleurs
Dans l’inconscient collectif, quand on évoque les noms de Bilal, Ammar, Salem…, la première chose qui vient à l’esprit, est qu’il s’agit de gens du petit peuple mecquois qui ont été sauvagement torturés par les mécréants Koraïches pour avoir embrassé l’Islam.
De pauvres esclaves démunis, sans soutien tribal ou clanique, auxquels on a fait subir les châtiments les plus cruels pour les forcer à renier leur foi dans le message de l'Islam. Rarement, on mesure à sa juste valeur le rang éminemment élevé et l’aura que leur a conférés, en pionniers, leur adhésion bénie au message divin de Mohammed.
Rarement, on se souvient des versets coraniques et des hadiths qui ont magnifié ces croyants de la première heure et les ont propulsés au firmament de la spiritualité, de la vertu et de la ferveur religieuse.
Rarement, on se souvient que le Prophète et ses califes leur ont donné la prééminence sur la quasi-totalité des autres Compagnons pourtant à la généalogie prestigieuse et dont certains, de surcroît, sont de proches parents du Messager de Dieu.
On a comme l'impression diffuse que le souvenir de ces monuments de l’Islam s’est quelque peu étiolé au fil du temps et qu’ils sont, c'est le moins qu’on puisse dire, relégués au second plan dans la mémoire collective.
En revanche, le souvenir de leurs compagnons est encore vivace. Est-ce parce qu’ils étaient issus d’une classe prétendument inférieure – ce qui est loin d’être une tare ? Peut-on, doit-on mesurer les mérites des Compagnons du Prophète à l’aune de leurs origines sociales ? Nullement.
Autant du vivant du Prophète, ils étaient respectés, honorés et parfois même vénérés autant, au fil des siècles, les musulmans, consciemment ou non, semblent les confiner – non sans une admiration ambiguë – dans le statut clivant d’anciens esclaves qui ont bravé la mort pour conserver leur foi.
Il faut préciser que dans l’Arabie préislamique, ce petit peuple était constitué essentiellement d’esclaves et d’apatrides, taillables et corvéables à merci. Un système esclavagiste infernal sur fond de xénophobie et de racisme. L’Islam viendra rendre aux esclaves leur humanité et accélérer le processus de leur émancipation.
La Providence voudra que certains de ces esclaves deviennent d’illustres Compagnons, pétris de piété et de sagesse. Et une référence pour l’ensemble de la Oumma.
Si on pouvait remonter le temps, qui n’aurait pas délaissé, aujourd’hui les oulémas les plus en vue et les plus illustres parmi les notables bien nés pour suivre et servir un Bilal, un Ammar ou un Salem ?
Ces illustres Compagnons doivent retrouver la place qui leur sied dans la mémoire collective. La seule place qui vaille, celle où les ont placés Dieu et Son Prophète.
Pour renouer avec la mémoire de ces pionniers de l’Islam, il est bien regrettable qu’on soit obligé d’ouvrir les livres d’histoire ou d’écouter les causeries religieuses des oulémas. Or, cette mémoire doit être là, présente au quotidien. Pour perpétuer leur souvenir, on doit trouver, dans les capitales arabes et islamiques, des boulevards, des avenues, des universités, des hôpitaux, des stades, des aéroports… qui portent les noms de ces Compagnons.
La même opération devra également concerner la plupart des quartiers des villes arabes qui portent des noms souvent aussi incongrus que saugrenus.
En rendant hommage à ces figures emblématiques, la Oumma retrouvera le véritable ressort de son unité, de son identité et de son islamité.
Ce faisant, on verra ainsi placardés sur les frontons d'importants lieux publics les noms :
d’anciens esclaves devenus d’illustres Compagnons, à titre d’exemple :
- Zaïd Ibn Haritha
- Oussama Ibn Zaïd
- Bilal Ibn Rabah
- Ammar Ibn Yassir
- Khabbab Ibn al-Arath
- Salem, l’affranchi d’Abou Houdhayfa
- Othman Ibn Medhoun, etc.…
Des chrétiens convertis à l’Islam, devenus également d’illustres Compagnons :
- Selman Al-Farissi
- Souhaib Ibn Sinan (Le Romain)
- Mariya, la Copte, etc…
Des juifs convertis à l’Islam devenus, eux aussi, d’éminents Compagnons :
- Abdellah Ibn Salam
- Imran Ibn Houssayn
- Zayd Ibn Souaana
- Safiya Bint Houyay
- Rayhana Bint Zayd, etc…
Si le présent ouvrage a un mérite, c’est sans doute celui d'en traiter de façon spécifique et de mettre en exergue les immenses mérites de ces Compagnons issus du petit peuple. Cette approche est, à notre connaissance, une première dans le genre.
Ce déficit d’image auprès du grand public est d’autant plus regrettable que cette ambivalence pour la conservation du souvenir des Compagnons ne doit pas et n’aurait jamais dû exister.
Car le statut de Compagnon est déjà, en soi, le summum de la félicité.
Du reste, si on venait à prendre en considération les mérites et les qualités des uns ou des autres, ces Compagnons venus d’ailleurs soutiennent largement la comparaison.
Une parole du Prophète, pleine d’affection et de considération, résume bien l’éminente place que ces Compagnons venus d’ailleurs tiennent auprès de Dieu et de Son Messager.
En les accueillant, le Prophète leur disait toujours : "Bienvenue à ceux que Dieu m’a recommandés".
En effet, alors que les dignitaires Koraïches demandaient au Prophète de les exclure de son assemblée - il s’agissait de Bilal, Souhaib, Selman…. - le verset suivant fut révélé : "Ne repousse pas ceux qui, matin et soir, implorent leur Seigneur, cherchant à se vouer à Sa face ; leur demander compte ne t’incombe en rien et ils n’ont pas à te demander compte, en les repoussant tu serais, de ce fait, au nombre des injustes." (Coran, Les Troupeaux, verset 52).
Si ce verset rend hommage aux croyants faibles et démunis, en général, on trouve aussi dans les Textes sacrés, des hommages individuels à l’adresse de chacun de ces Compagnons venus d’ailleurs.
Nous commençons par l’hommage divin rendu à Zaïd. Cet ancien esclave passera à la postérité comme étant le seul homme contemporain du Prophète qui fut nommément cité dans le Coran (Coran, les Coalisés, verset 37). Même les épouses du Prophète et ses Compagnons les plus proches n’ont pas eu cet honneur. La révélation se contentera de faire allusion à certains d’entre eux.
La relation entre Zaïd Ibn Haritha - le bien aimé - et le Prophète était fusionnelle. Aïcha rapporte : "Le Messager de Dieu n’a jamais envoyé Zaïd dans une expédition sans qu’il ne lui ait donné le commandement. Si Zaïd était resté vivant après le Messager, celui-ci l’aurait désigné comme son successeur".
Le fils de Zaïd, Oussama, suivra le prestigieux parcours de son père.
L’Envoyé de Dieu tenait Oussama en très grande estime. "Oussama Ibn Zaïd, disait-il, m’est le plus aimé parmi les hommes et je souhaite qu’il soit l’un de vos vertueux. Soyez donc bienveillants à son égard."
Le Prophète s’adressait toujours à lui en ces termes : "Bien aimé, fils du bien aimé." Cette bienveillance du Prophète à l’égard d’Oussama fut respectée à la lettre par ses califes.
On rapporte que lorsque Omar rencontrait Oussama, il l’accueillait à bras ouverts en lui disant : "Bienvenue à mon émir." Et à ceux qui s’étonnaient, il disait : "N’est-ce pas le Messager de Dieu qui lui a donné le commandement sur moi."
Un autre de ces Compagnons venus d’ailleurs aura droit, lui aussi, au respect et à la considération de tout le monde.
Il s’agit de Bilal Ibn Rabbah. Parlant de Bilal, Omar disait souvent : "Notre maître Abou Bakr a affranchi notre maître Bilal."
Honneur suprême, le Prophète demanda un jour à Bilal : Ô Bilal ! Parle-moi donc de la bonne action que tu as faite depuis ta conversion à l’Islam et dont tu attends le plus grand salaire. J’ai entendu, en effet, le bruit de tes sandales devant moi au Paradis."
Il dit : "L’action dont j’attends le plus grand salaire est que je ne fais jamais d’ablutions de jour ou de nuit sans les faire suivre de ce que Dieu m’a écrit comme unités (rakaât) de prière."
Il faut aussi souligner que lors de la mémorable bataille de Badr, c’est le refrain Ahadoun, Ahad (L’Unique, L’Unique) que répétait invariablement Bilal sous la torture qui deviendra le cri de guerre des musulmans.
Un ami intime de Bilal sera, lui aussi, l’objet de tous les égards. Il s’agit de Souhaïb Ibn Sinan. Souhaïb (Le Romain) était tellement proche du Prophète qu’il était prévu qu’il l’accompagne avec Abou Bakr dans son hégire à Médine.
Consécration suprême pour Souhaïb, la Révélation vint louer et donner en exemple la transaction qu’il a faite et qui a consisté à acheter son âme croyante avec toute sa fortune : "Parmi les gens, il s’en trouve qui, en vue de la satisfaction de Dieu, achètent leur personne. Et Allah est compatissant envers Ses Serviteurs." (Coran, La Vache, verset 207).
Le Prophète aimait beaucoup Souhaïb et le donnait souvent en exemple. Il disait de lui :"Excellent adorateur que ce Souhaïb. Même s’il ne craignait pas Dieu, il ne lui désobéirait pas."
Pour sa part, Omar sur son lit de mort, trouva encore la force de prendre une ultime décision : "Que Souhaïb dirige la prière."
Ainsi, avant la désignation du nouveau calife, et malgré son accent étranger, "Souhaïb avait effectivement la responsabilité et l’honneur de diriger la prière et d’être, en d’autres termes, le guide de la communauté musulmane. Le choix d’Omar était bien la preuve que la Oumma islamique intégrait et honorait les hommes de différents horizons."
Un jour, un hypocrite tenta de semer la zizanie entre musulmans. Il dit à l’adresse des Ançars :" Vous avez défendu cet homme (Mohammed). Mais pourquoi alors ceux-là ?" Et il montra du doigt, Bilal, Souhaïb, Selman, Ammar…
Informé, le Prophète ordonna l’appel à la prière, ce qui était la manière de convoquer les musulmans pour une annonce importante.
"Avant de commencer son propos, le Prophète loua et glorifia Allah. Puis, il dit : Notre Seigneur est unique. Votre ancêtre est unique. Votre religion est unique. Prenez garde. L’arabité ne se transmet pas par le père ou la mère, mais par la langue. Quiconque parle arabe est, par conséquent, arabe."
Ammar Ibn Yassir, un Compagnon issu du petit peuple subira, lui aussi, les brimades de certains Compagnons. En effet, une dispute opposa un jour Ammar avec un autre Compagnon.
Le Messager de Dieu, apprenant cela, se mit en colère :
- Qu’ont-ils donc contre Ammar ? Il les appelle au Paradis et ils le vouent à l’Enfer ! Ammar m’est aussi cher que la peau entre mes yeux et mon nez. On ne peut être plus proche de moi que cet homme. Laissez-le en paix !"
Les éminentes qualités intrinsèques d’Ammar ont été mises en exergue par l’Envoyé de Dieu : "Ammar est rempli de foi jusqu’à la moelle."
Le Prophète disait aussi : "Prenez pour exemple ceux qui viennent après moi, Abou Bakr et Omar et suivez la guidée d’Ammar."
A quoi peut-on prétendre de plus si on est cité en exemple aux hommes – et quels hommes ! – par le Prophète, lui-même ? En termes clairs, le Messager d’Allah recommande à ses Compagnons – à tous ces Compagnons – de suivre l’avis d’Ammar en cas de dissensions. Et pour mieux souligner cette recommandation, le Prophète a dit : "En vérité le droit est avec Ammar et Ammar est avec le droit."
Suite à un violent échange verbal entre Ammar et Khalid Ibn Al-Walid – qui traita Ammar d’esclave – le Messager de Dieu dit :
- Ne dis plus rien contre Ammar, Khalid ! Celui qui déteste Ammar déteste Dieu le Tout-Puissant et celui qui insulte Ammar insulte Dieu, Lui-même !
Ammar étant sorti, Khalid le rejoignit et, le retenant par sa chemise, fit tout pour se concilier son amitié. Ammar finit par la lui accorder."
Les Textes sacrés ont également mis en exergue les mérites et les qualités de Salem, l’affranchi d’Abou Houdhayfa, un autre Compagnon venu d’ailleurs.
Le Prophète lui a dit : "Louange à Dieu qui a donné à ma Communauté un homme comme toi."
Pour sa part, Omar, sur son lit de mort, dit aux Compagnons du Prophète ; "Si Salem, l’affranchi d’Abou Houdhayfa, était encore parmi nous, je l’aurais nommé pour me succéder."
Omar s’adressait à Othman, Ali, Saâd, Zoubeïr, Talha et Abderrahamne Ibn Awf. Des monuments de l’Islam naissant.
Ces six Compagnons font partie des dix personnes promises au Paradis.
Comment donc Omar pouvait-il donner la prééminence sur eux à Salem, un ancien esclave de père inconnu ?
Mais Omar avait ses raisons. L’Islam ne fait-il pas abstraction de la condition matérielle, de l’origine sociale ou ethnique des croyants ?
Salem récitait par cœur le Coran. Il excellait non seulement dans sa déclamation mais aussi dans son interprétation. Il était l’un des meilleurs exégètes de son époque. Le Prophète a dit de lui : " Prenez les sciences du Coran de ces quatre personnes : Abdellah Ibn Messaoud, Salem, l’affranchi de Abou Houdheyfa, Oubeï Ibn Kaâb et Mouad Ibn Jebel."
Si nous avons cité certains de ces Compagnons, à titre d’exemples, il va sans dire que ceux qui restent ne sont pas moins méritants que leurs camarades. Loin s’en faut. Khabbab, Ibn Medhoun, Selman, Ibn Houssayn, Ibn Salam, Ibn Souaana… sont des monuments de l’Islam dont les mérites et les qualités ont été magnifiés par Dieu et par Son Prophète.
Qu’ils soient "venus d’ailleurs" ou de "l’intérieur", les Compagnons, restent les Compagnons. Des hommes dont le Prophète a dit : " Mes Compagnons sont semblables aux étoiles : quel que soit celui que vous suivez, vous serez bien guidés." Des hommes assurément au-dessus de la mêlée.
Des hommes qui, de par leur éducation, leur dévotion et leurs qualités morales inégalables, ne peuvent, en aucun cas, être comparés au reste de la Communauté des croyants. Des hommes qui ont été formés à une école et se sont abreuvés à une source qui leur ont conféré des attributs dont nul autre mortel ne pourra jamais se prévaloir.
Sur les pas du Maître, ils se sont hissés au summum de ce que l’humanité a de plus précieux : la sagesse, la science, la piété, la vertu, la générosité et la tolérance.
Même avec toutes ces qualités sublimes, ces Compagnons restent, néanmoins, de pâles lueurs à côté du Prophète qui, tel un éclatant soleil illumine la terre toute entière.
C’est seulement lorsque ce soleil s’est couché après avoir brillé de tous ses éclats, vingt trois ans durant, que ces Compagnons, tels des étoiles disséminées dans le firmament, ont commencé à scintiller pour maintenir, comme une boussole, le cap tracé par le plus illustre des hommes en vue de mener l’humanité à bon port, celui de la miséricorde et du salut.
Ô Compagnons, vous que Dieu a comblés de Ses bienfaits. Vous que l’Islam a portés aux nues. Vous, avant-garde bénie qui a vu la lumière triompher des ténèbres. La vertu du vice. La vérité du mensonge. La morale de l’immoralité…
Jamais vous n’avez renié votre foi. Jamais vous n’avez fléchi sous les brimades, les sarcasmes et, parfois, sous la torture. Jamais vous n’avez été tentés par les attraits et les délices éphémères de ce bas monde au détriment de la seule vie qui vaille, celle de l’au-delà.
Ô Compagnons, vous avez combattu vaillamment dans le sentier de Dieu. Dans un esprit d’abnégation et de sacrifice, vous avez fait don de vos biens et de vos personnes pour le triomphe du Message divin de Mohammed.
Ô Compagnons, par la volonté divine, vous avez été le vecteur de la propagation de l’Islam dans les quatre coins de la terre. Une propagation à la manière d’ondes concentriques transcendant toutes les barrières géographiques, ethniques ou culturelles.
Ô Compagnons, vous dont l’Islam a accaparé les cœurs et soumis tout l'être à Dieu. Vous dont la vie est devenue un hymne à la grandeur et à l’unicité de Dieu… Votre place est toujours ardente dans le cœur de tous les musulmans.
Et vous, en particulier, Compagnons venus d’ailleurs, comment ne pas évoquer spécifiquement votre mémoire dans ce livre qui vous est dédié ?
Toi, Oum Ayman qui as vu naître et grandir le Prophète, toi qu’il appelait affectueusement "ma mère après ma mère."
Toi, Zaïd, "le bien-aimé."
Toi, Oussama, "le bien-aimé, fils du bien-aimé."
Toi, Bilal qui répétait inlassablement sous la torture : "Ahadoun, Ahad" (L’Unique, L’Unique).
Toi, Souhaïb, dont le Coran a loué la transaction pour sauver ton âme croyante au prix de toute ta fortune.
Toi, Ammar, le rescapé miraculeux de la vindicte Koraïchite, toi dont le père et la mère sont morts, en martyrs, sous la torture.
Toi, Khabbab qui fut à l’origine de la conversion d’Omar.
Toi, Salem auquel le Prophète a dit : " Louange à Dieu qui a donné à ma Communauté un homme comme toi.
Toi, Ibn Madhoun dont la mort a fait pleurer le Prophète et lui a fait dire : "Que Dieu te soit Miséricordieux, Ô Abou Assayb ! Tu es parti de ce monde sans qu’il n'ait rien pris de toi, et sans que tu n’aies rien pris de lui."
Toi, dont le Messager de Dieu a dit après le décès de son fils Ibrahim : "
Enterrez-le à côté de cet homme pieux."
Toi, Selman, à l'immense savoir, toi que l’Imam Ali surnommait, Luqman le sage, et dont il disait : " Selman était un océan (de savoir) qui ne tarissait pas."
Toi, dont l’Envoyé de Dieu disait également : "Selman a été comblé de science." Toi, l’homme de la mémorable bataille du Fossé.
Toi, qui as eu l’insigne honneur d’entendre le Prophète dire : "Selman fait partie de notre famille."
Toi, Ibn Salam, le grand rabbin, l’érudit qui a délaissé sa synagogue pour Dieu et Son Prophète. Toi, dont le Coran a fixé, pour l’éternité le souvenir de la conversion à l’Islam (Coran, Al – Ahqâf, verset 10).
Toi, dont Saâd Ibn Abi Waqqas a dit : "Je n’ai pas entendu le Prophète dire à quelqu’un marchant sur la terre qu’il faisait partie des gens du Paradis sauf à Abdallah Ibn Salam."
Toi, Imrân Ibn Houssayn, le grand savant juif, toi, l’homme saint qui avait atteint un degré de dévotion et de spiritualité tel qu’il voyait les anges, toi, à propos de qui les plus éminents érudits musulmans de l’époque – Hassan El Basri et Ibn Sirîn – avaient dit : "aucun Compagnon du Messager de Dieu qui est venu à Bassorah n’égale Imrân Ibn Houssayn."
Toi, Zayd Ibn Souaana, l’illustre théologien juif qui, en homme de science, a choisi le Message de la vérité.
Toi, qui as procédé à l’authentification de l’apostolat de Mohammed grâce aux indications contenues dans la Bible, toi qui es arrivé, après des recoupements rigoureux et de minutieuses comparaisons à la conclusion que Mohammed est effectivement l’ultime maillon de la précieuse chaîne prophétique, toi qui es devenu l’un des plus illustres Compagnons de l’Envoyé de Dieu….
Ô vous tous, Compagnons venus d’ailleurs, vous n’étiez, pour la plupart, ni arabes ni musulmans. Arrivés d’horizons divers au Hijaz, vous étiez juifs, chrétiens, mazdéens, païens, animistes, riches ou pauvres, esclaves ou hommes libres, lettrés ou simples citoyens.
Vous avez, par la force de la foi, transcendé les tabous, les intérêts sectaires et les petites querelles des hommes, ici-bas, pour vous hisser au rang tant envié de vrais Croyants. Une voie qui vous a ouvert toutes grandes les portes sublimes de l’au-delà.
Nonobstant les notions de temps et d’espace, vous vous êtes débarrassés du carcan profane dans lequel vous étiez enfermés pour suivre la seule voie qui vaille, celle du Prophète bien-aimé.
Ô Compagnons venus d’ailleurs, hier comme aujourd’hui, vous êtes un bel exemple à suivre pour ceux qui veulent prendre le train de la miséricorde et du salut avec le Messager de Dieu, pour ceux qui ne veulent pas rester sur le quai du remords et du désespoir. Vous êtes un bel exemple pour les négateurs de tous bords qui veulent réfléchir, à bon escient, au-delà des clichés et des idées reçues, sur la portée et la signification réelles du message divin du Prophète Mohammed.
Moussa Hormat-Allah
Professeur d'université
