Cridem

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10-04-2013

09:16

L’islam interdit le viol

Peut-on et comment minimiser les effets dévastateurs de prétendues fatwas extravagantes ? Présenté comme un cheikh, avec tout que cela représente d’autorité dans l’imaginaire collectif, le jordanien Yasser Al Ajlouni aurait émis un avis juridique – signification courante du mot fatwa – autorisant les combattants, en Syrie, du Front Al Nousra et de l’ASL, à « violer les femmes alaouites ».

Le propos fait le buz sur le Net, alimentant prodigieusement les eaux fétides de l’islamophobie. La plupart des réactions indignées suppute que de tels propos relèveraient d’une interprétation extrémiste de la loi islamique.

Il n’en est pourtant rien : il s’agit, en fait, d’une aberration totale que, non seulement, aucun texte fondateur de notre religion ne saurait cautionner mais qui est, bien au contraire, formellement interdite.

Tout le monde, notamment chez les non-musulmans, ne le sait pas : un avis, en islam, ne peut être considéré comme juridique qu’émis par un locuteur diplômé, suite à de longues études. Et, même en ces conditions, il reste constamment réfutable par tel ou tel autre d’au moins même compétence. Mais l’organisation non-centralisée de l’islam (1) autorise l’expression de tout un chacun et ce libéralisme est fortement accentué, de nos jours, par la multiplicité et l’étendue des moyens de communication.

Une simple vidéo, postée, avec un minimum de mise en scène, sur You Tube ou autre site très fréquenté, donne, aux plus aberrants propos, une apparence d’autorité et une audience sans aucune mesure avec l’illégitimité du message. Il est hors de question d’ergoter sur les mobiles, voire la probable manipulation, consciente ou non, d’Al Ajlouni ni même sur la réalité des propos rapportés.

S’il s’agit d’une supercherie, c’est à lui de les démentir. Mais la probabilité de dégâts importants dans l’opinion, tant musulmane que non-musulmane, nécessite une réaction très vigoureuse des oulémas – les savants musulmans diplômés – qui doivent émettre des fatwas, les plus convergentes possibles, récusant cette monstruosité, avec force et argumentation appropriées.

Cette réaction, ample, soutenue et diversifiée, doit utiliser tous les canaux modernes de communication. La fréquente attitude de nombre de nos oulémas à éviter les polémiques, leur réserve à s’impliquer trop publiquement dans les problèmes de la modernité, leur tendance à toujours privilégier la conciliation entre les musulmans ne peuvent ignorer la nécessité : il y a des opinions et des actes publics qui tendent à empoisonner l’islam.

Il faut les combattre, en signaler la perversité. Avec calme, clarté et fermeté. En réunissant le plus grand nombre possible de juristes patentés, afin de donner force à l’évidence. Tout particulièrement en la présente occurrence : le viol d’une femme ne peut, en aucun cas, être commis sous couvert de l’islam qui le condamne sans réserve.

Note :

(1) : Plus précisément, c’est uniquement sur ses textes fondateurs – Le Saint Coran et la Sunna du Prophète (PBL), en premier chef – que l’organisation de l’islam est centralisée, non pas sur une structure ; a contrario, par exemple, du catholicisme. Cette singularité est très vive chez les Sunnites (80% des musulmans) dont Yasser Al Ajlouni se prétend, manifestement indûment, un champion.

Mansour Tawfiq


 


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