22:27
Soutien à al-Qaida des salafistes tunisiens
Tunisie - Les djihadistes salafistes tunisiens ont réitéré cette semaine leur allégeance à al-Qaida, en acceptant l'invitation lancée par le groupe à participer à la guerre sainte.
L'appel lancé, le dimanche 17 mars, par al-Qaida au Maghreb islamique pour combattre la France, l'Occident, les partisans de la laïcité et les autres soit-disants "ennemis" a été favorablement accueilli par les djihadistes salafistes tunisiens, a déclaré à Assabah Mohamed Anis Chaieb, le leader de ce mouvement.
"La déclaration publiée par AQMI appelle à la préservation des acquis de la révolution tunisienne, et le mouvement djihadiste salafiste répondra à cet appel et défendra ces acquis", a-t-il déclaré à Assabah.
Il a ajouté que ce sont les "attaques des laïcs" qui ont poussé les sheikhs et al-Qaida à demander aux jeunes du Maghreb de ne pas quitter leurs pays, parce que "ces terres sont désormais vulnérables".
C'est la première fois que les groupes djihadistes salafistes de Tunisie apportent officiellement leur soutien à al-Qaida, bien que certains de leurs leaders soient connus pour leurs liens avec la nébuleuse terroriste.
C'est par exemple le cas du leader d'Ansar al-Sharia Saif Allah bin Hussein (alias Abou Iyadh), qui fait actuellement l'objet d'une enquête de la part des services de sécurité.
Depuis le renversement de l'ancien Président Zine El Abidine Ben Ali début 2011, les forces de sécurité ont affronté à maintes reprises des hommes armés appartenant à des mouvements religieux militants.
"Les Tunisiens considèrent ce phénomène comme une menace pesant sur le style de vie de la majorité d'entre eux", avait déclaré le Président Moncef Marzouki en novembre, mettant en garde contre ces extrémistes qui tentent "d'imposer leur vue par la force dans certaines mosquées et dans certains quartiers de notre pays".
Il s'agit selon lui d'un "plan conçu par les salafistes pour instaurer un émirat islamique en Tunisie, à l'instar de ce qui s'était produit en Irak et en Afghanistan", a déclaré l'ancien Premier ministre par intérim Hamadi Jebai.
Pour Neila Makhlouf, enseignante dans le secondaire, "l'appel au soutien (d'al-Qaida) témoigne de sa défaite et de sa désintégration, ainsi que d'un déclin de sa popularité après les révoutions arabes".
Mais l'organisation tentera de profiter de l'insécurité qui prévaut dans la région, ajoute-t-elle. "Ils veulent combattre la laïcité par la violence, les assassinats et les actes de sabotage. Mais je leur dis qu'il existe un autre moyen de s'opposer et de lutter contre la laïcité, par le biais de la connaissance et de la science", poursuit-elle.
"Ils soutiennent al-Qaida dans sa lutte contre la France et les laïcs, mais ne viennent pas en aide à l'économie du pays, ni aux pauvres ou aux orphelins. Combattre la France et la laïcité n'est pas la solution pour le peuple tunisien, parce que les armes et le terrorisme sont un problème, pas une solution", déclare pour sa part Fourat Yahmadi.
Par Monia Ghanmi à Tunis