Une relation étrange et souterraine, car occultée et non visible à la surface dans la vie quotidienne, et qui meurt aussi dans la terreur et dans la peur du secret éventré et du scandale éventuel. C’est une relation confidentielle entre un homme et une femme, en présence de deux témoins, pour donner le signal d’une simple consommation charnelle.

Pas de cris de joie comme ce qui se passent dans les mariages normaux, pas de youyous stridents, pas de tam-tam ni de fumée. Et surtout pas d’enfants, sous peine de passer du secret privé à l’étalage public.

Un mariage sans parents ni invités, dominé par la confusion et les claques de doigts. Il n’est pas encore facile pour la société mauritanienne d’accepter le mariage secret. Un phénomène qui prend cependant de plus en plus de l’ampleur.

C’est le domaine où aucun statisticien n’ose s’aventurer, même si le nombre croissant des relations secrètes permet de donner une idée de son étendue.

ASH, étudiante à l’Université de Nouakchott, a vécu l’expérience. "J’ai vécu une relation extraordinaire avec un jeune de l’université que j’avais connu " raconte-t-elle. Trois ans après sa licence selon elle, il est parti voir ses parents pour le mariage. Mais le père de ASH a refusé parce que selon lui le jeune homme n’avait pas les moyens de l’entretenir et qu’il est juste au début de son long chemin dans la vie. "J’ai essayé de convaincre mon père, mais il est resté campé dans son refus " se remémore-t-elle.

Alors, elle décida de se marier en secret avec son jeune copain et de ne mettre la famille qu’à la fin de leurs études. Les deux mariés se rencontraient en cachette. A la fin de leurs études, raconte-t-elle, ASH déclare avoir informé sa mère. Son père accusera plus rudement le coup. Il subit une attaqua vasculaire cérébrale et fut interné à l’hôpital. Ne pouvant plus regagner la maison familiale à cause de ce qu’elle ressentait, ASH affirma s’être rendue chez sa sœur qui était mariée.

Lorsqu’elle se rendit à l’hôpital pour rendre visite à son père, elle apprit qu’il était devenu hémiplégique. Sa vue en fut bouleversée, se confie-t-elle, même si aujourd’hui elle est toujours mariée avec son ancien collègue d’Université et que la famille semble avoir entérinée le fait. "Je considère maintenant que le mariage secret est une erreur " reconnaît ASH.

L’histoire de cette jeune fille n’est qu’une infime expérience de la longue liste de ces mariés de l’ombre qui assurent que l’argent n’est pas toujours à la source de ces liens épistolaires, mais souvent c’est le besoin de femmes divorcées ou veuves de longue date à trouver un compagnon pour les protéger et alléger leur solitude. Cette pratique concerne cependant exclusivement les hommes mariés, attirés par des besoins charnels ou pour changer d’environnement social, et qui ne veulent que leurs épouses légitimes le sachent.

ZT est une mère qui pense que la famille joue un grand rôle dans l’équilibre social. MOD un instituteur pense quant à lui que "religieusement il est permis à l’homme de prendre quatre femmes, mais que le refus de la première épouse d’avoir une coépouse pousse les hommes, ceux soucieux de ne pas se livrer à la débauche à se marier en secret. Il est cependant difficile de garder longtemps le secret. En général les hommes pris en flagrance ou dénoncé, préfèrent nier leur mariage parallèle. Souvent, cela se termine par des drames conjugaux, des scènes de ménage et des divorce, suivis d’un pardon judicieusement et financièrement exploité par l’épouse éplorée.
Selon les Oulémas le bon mariage est celui qui préserve pour les deux mariés leurs droits. D’où la nécessité de la dot et de la participation des parents et de leurs témoignages. Ces conditions ne sont pas disponibles dans le mariage secret. Et ce mariage qui passe sans le consentement du tuteur, surtout si la femme est jeune et ne s’est jamais mariée, est considéré comme "Haram " religieusement se basant en cela sur un Hadith du Prophète Mohamed (PSL) selon lequel : "toute femme qui se marie sans l’autorisation de son tuteur consomme un mariage invalide ".

Mohamed Abdallahi Dahy (STAGIAIRE)