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Zouérate : Entretien avec Kénémé Demba Abderrahmane syndicaliste délégué de la CGTM ...
A l’en croire, la Confédération Générale des Travailleurs de Mauritanie (CGTM) domine par le nombre de sièges de délégués dans ces deux secteurs. Et cela, dit-il, depuis 2006 au niveau de la SNIM. A propos du dossier des journaliers, M. Kénémé Demba a affirmé que c’est une catégorie marginalisée de tout temps.
Toutefois, explique t-il, les lignes ont commencé à bouger avec l’amélioration du SMIG qui est passé de 21.000 à 30.000 ouguiyas. De la sorte, poursuit le syndicaliste, les travailleurs journaliers se retrouvent maintenant avec des salaires qui varient entre 40, 55, 60 et 70.000 ouguiyas alors qu’auparavant ils travaillaient 12 à 13 heures par jour pour ne percevoir à la fin du mois que 12 à 13.000 ouguiyas.
« Il y’a une a une amélioration sensible de leur situation et ce surtout qu’ils ne travaillent plus que 8 ou 9 heures par jour », lance t-il avant d’ajouter : « Certes qu’il y’a eu des progrès mais il n’en reste pas moins que beaucoup reste à faire ». Il cite la couverture sanitaire qui pour lui n’est pas satisfaisante. « Elle demande à être améliorée », dit-il. Tout comme les primes de panier dont les journaliers n’en bénéficient pas. A l’en croire, il faut travailler 9 heures de temps ou 5 heures de nuit pour en bénéficier. Pour l’heure, dit le syndicaliste, seule une infime partie des journaliers en bénéficie.
Kénémé Demba ne s’en est pas arrêté là, il a aussi évoqué des problèmes environnementaux notamment : la silicose. Le syndicaliste soutient que la silicose fait des ravages au niveau de la SNIM. Selon lui, les plus touchés sont les convoyeurs de train. Ils seraient presque tous morts. Il n’en resterait que deux ou trois convoyeurs agents de la SNIM. Une situation qu’il juge alarmante au point, explique t-il, que le géant minéralier ne recrute désormais que des journaliers à ce poste pour un temps limité à 1 mois.
A la question de savoir s’il détient des chiffres, sa réponse demeure négative. Sinon que le syndicaliste a évoqué des noms de travailleurs de la SNIM, morts ou atteints de silicose. M. Kénémé dit que la seule parade trouvée par la SNIM a constitué à instituer une indemnité de 200.000 ouguiyas aux travailleurs atteints de silicose. Le syndicaliste a pointé du doigt l’usine Guelb comme étant le tueur principal. Il persiste que plus d’une dizaine de travailleurs sont actuellement atteints de silicose. Idem dans d’autres chantiers comme les manutentions, M’haoudat et la mine.
Autres problèmes évoqués par le syndicaliste : la santé et les accords juridiques. S’agissant de la santé, il dit que les travailleurs disposent d’une clinique. « Nous sommes 3250 travailleurs à la SNIM et leurs familles avec un plateau médical doté seulement de deux médecins généralistes, un chirurgien. Nous jugeons cela insuffisant. Parce qu’il n’y a pas de pédiatre ni de gynécologue encore moins d’avion ambulance. Alors que nous vivons des risques d’accident qui peuvent intervenir à n’importe quel moment », dit-il. A cela s’ajoute, d’après lui, la rupture fréquente de stock de médicaments. En outre, il se plaint que les médicaments sont gérés comme des pièces de rechange du fait que leur mise à disposition peut prendre 2 à 3 jours alors que le besoin du malade est urgent. Quant aux évacuations à l’étranger elles font, selon lui, parfois défaut.
Il soutient également que les décisions d’évacuation sont prises tardivement. Kénémé Demba a évoqué aussi quelques préoccupations d‘ordre juridiques à savoir : la révision des accords. Pour lui c’est une préoccupation majeure des travailleurs. Parce que, dira t-il, beaucoup de ces accords ne sont plus d’actualité comme par exemple la prime de trajet de M’haoudat.
Le syndicaliste affirme que pour bénéficier de cette prime il faut effectuer huit heures de temps sur les lieux. Il donne un autre exemple concernant l’accord portant sur les veuves. Il dit que cet accord stipule qu’au cas où la veuve doit quitter le logement de son mari, la SNIM lui accorde une indemnité de non logement de 8.000 ouguiyas. Hors, dit-il, aujourd’hui le coût du loyer de l’habitat est exorbitant.
Dans la même foulée, le syndicaliste délégué de la CGTM dit que l’Etat doit revoir les conventions collectives, la CNSS, le code du travail révisé en 2004 et qui traîne encore des lacunes.
Toutefois, il relève que tout n’est pas sombre reconnaissant au passage qu’il y’a aussi des améliorations sur le volet des ressources humaines qui a sérieusement évolué, selon lui.
A travers cet entretien, le syndicaliste de la CGTM a évoqué un certain nombre de sujets de préoccupations des travailleurs de la SNIM dont la silicose. Sans doute que la maladie est encore un sujet tabou rarement évoqué à la SNIM. Nous avons cherché à en savoir plus au niveau de la société minière. Mais l’accès à l’information véritable reste la chose la moins partagée. Tout au plus nos interlocuteurs reconnaissent-ils que la maladie existe et que les responsables de la société en sont conscients. Pour le reste motus et bouche cousue.
Moussa Diop