11-11-2025 23:15 - Mauritanie : Les enjeux de pouvoirs de la « lutte des places » à la classe dominante (Partie 1)
Souleymane Sidibé -- Dans notre pays, l’indépendance a d’abord été marquée par une « lutte des places ». Mais ces places étaient déjà réservées par le colonisateur à ses affidés, tandis que les premières bases militaires étaient implantées au nord. Puis le relais fut passé à l’indépendance.
La fondation de la Mauritanie politique que nous connaissons a regroupé divers groupes dans des Congrès (sous la bannière représentative des tribus et des communautés culturelles féodales !) qui ont décidé qu’il fallait bâtir la Mauritanie comme République islamique.
L’islam, étant connu comme la seule religion, a été désigné comme le ciment de la nation, le lien qui devait unir cette nouvelle république. Il fallait s’aimer au nom de l’islam, au nom de la religion. Chaque groupe, par la suite, a manifesté un effort dans l’alphabétisation musulmane, dans des conquêtes, et un roman national qui s’est construit au fil du temps. Les courts-métrages et photos de la décolonisation signée sur un papier restent encore marquants.
Puis sont arrivés les militaires. Ce sont ceux-là à qui l’on impute tous les maux. Qui a permis cela ? Cette question reste de l’ordre de la métaphysique… Avec eux, la force s’est centrée autour des décisions politiques. Il s’agissait de « guerres de mouvement et de position », au besoin, par l’usage de la force.
Depuis toujours, la force a été l’essentiel du pouvoir politique. Certaines grandes nations ont pu transformer cette force en institutions durables. Mais en Mauritanie, la « lutte des places » s’est muée en « lutte des classes ». Et il fallait qu’émerge une classe dominante.
Cette classe dominante n’était plus un simple conglomérat de tribus, de chefs féodaux ou de leaders culturels. Il s’agissait de la naissance d’une classe qui avait des idéaux, qui s’inspirait d’un monde et qui se devait gérer les équilibres.
Une classe militaro-affairiste est alors apparue. Elle s’agrippait à cette classe politique ou s’y intégrait pour en tirer profit, et s’alliait à une classe intellectuelle pour finir par faire chemin avec d’idéologues dont la vision dépassait celle de la Mauritanie islamique traditionnelle. Ils rêvaient d’une République islamique arabe de Mauritanie.
Cette « lutte des classes », singulière et différente de ce que l’on connaît ailleurs, a généré des déviances. Des groupes se surveillaient, se jaugeant en chiens de faïence. Chacun cherchait à être le plus habile, le plus rapide, celui qui prendrait le pouvoir.
Plusieurs coups d’État ont été orchestrés. Mais l’idée d’un coup d’Etat en 1987 a été lourdement sanctionnée. Les textes, les écrits, les témoignages sont là . Il ne s’agissait de rien d’autre qu’un message anthropologique : certains groupes ne devaient pas se lever, surtout un groupe bien défini.
Mais au milieu de ces « luttes » , la question qui demeure : au fond, qu’est-ce qui a été réellement fait pour l’humain ? Voilà la question réelle.
Souleymane Sidibé
